Marianne Breslauer, les garçonnes et les autres

                   


Marianne Breslauer est un météore dans l’histoire de la photographie. Tout pour elle se joua en une décennie pendant l’entre deux guerres. La Berlinoise après des études dans sa ville natale où elle devient une photographe portraitiste prometteuse va à Paris où elle rencontre  Man Ray. Il l’encourage tout en la laissant libre de  ses choix. Encore à l’époque sous l’influence esthétique de Kertész et Brassaï, elle s’oriente très vite  vers « la Nouvelle Vision », expurge la photographie de son « collage »  à la peinture afin de lui donner son autonomie par plongées, contre-plongées, obliques, exaltation de la structure et de la lumière.  Son approche est sur un plan technique comme poétique parfaite.

Elle fut en particulier la photographe des « garçonnes » berlinoises et elle dressa le portrait d’une génération de créateurs et artistes : Erich Maria Remarque, Paul Citroën, Oskar Kokoschka,  Picasso ou Braque. Ne se prenant jamais pour une artiste elle s’est trop peu intéressée à la défense de ses œuvres. Après son départ de Berlin,  elle épouse à Amsterdam le marchand d’art Walter Feilchenfeldt. Et le couple émigre en Suisse. Marianne Breslauer en a terminé avec la photographie. Elle se consacrera jusqu’à sa mort à sa galerie d’art zurichoise et à sa famille. Mais en dix ans elle aura fait bouger les lignes de son art.

Elle est enfin saluée comme il se doit. Après une première exposition à Winterthur, le Musée national d’art de Catalogne à Barcelone (grâce à la Fondation suisse pour la photographie où son fonds d’images a été déposé) lui consacre une présentation en tous points remarquable. Ses travaux demeurent aujourd’hui encore audacieux.
Libre et aventureuse celle qui fut contrainte à quitter l’Allemagne et renonça à la photographie par le nazisme laisse une œuvre essentielle à qui s’intéresse à l’histoire de la photographie. Ajoutons que la créatrice a été l’une des inspirations de l’héroïne-photographe du roman “Les vies multiples d’Amory Clay” de William Boyd.

Jean-Paul Gavard-Perret

Marianne Breslauer, « Photographies 1927-1938 », Du 27 octobre 2016 au 29 janvier 2017, Musée national d’art de Catalogne, Barcelone.

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