Diaphanéité et hantise de Rachel Silski

                   

 

Rachel Silski  par inclusions, intersections des assemblages crée des suites de mises en évidence en un ordre où réel et imaginaire se côtoient et s’entrecroisent afin de rameuter souvenir, mémoire collective ou personnelle, rencontres,  traces, « écritures »grâce aux pigments naturels, pastels, crayons  et encres. Dans des séries comme « corps désassortis », « laisser dire », « adieu », des fragments surgissent des conjugaisons imprévisibles, incertaines mais  probantes aussi  là où l’éros jaillit.

 

L'artiste belge ramène à l’essentiel pour laisser à celui ou celle qui contemplent les œuvres un champ ouvert à sa liberté d’errer Rachel Silski mêle la sophistication poétique au minimaliste, la discrétion à la hardiesse des entrelacs, des formes et des couleurs. Une subtile élévation mais aussi un placage afin de donner vie à l’impalpable là où se mêlent des visions  légères  et sourdes, aériennes et telluriques.

 

Rachel Silski gratte le refoulé, produit de l’inconscient par delà les simples productions de fantasmes des souvenirs. Dans chaque œuvre les fragments abstraits emportent dans un tourbillon de  rêves où chaque pensée reste brûlure. Le monde se perd en dérive chorégraphique.  L’émotion reste intacte dans la délicatesse d’un tel travail. Tout  y est en suspens, en vertige afin de prouver que chaque sensation est complexe.  
Des ferments mystérieux de relations à soi et au monde sont présents. La peinture propose le plaisir de songes entre l’immense et l’intime, le ferme et le fluctuant, le furtif et l’évident. Tout devient frontières et dentelles fragiles là où l’éros est présent mais en discrétion par un maillage et un charivari en  harmonie dans une fugacité cyprine  au sein de la diaphanéité et de la hantise.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

Rachel Silski, « Trois femmes, une rencontre », Maison des artistes d'Anderlecht, Rue du Bronze, Bruxelles, Mars 2017.

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