Melissa Shook : composts du temps

                   


Sous une théâtralisation souvent outrancière et divers effets de dédoublement Melissa Shook a construit pendant un an, au fil des jours une suite d’autoportraits excentriques mais aussi mélancoliques afin de rendre palpable un invisible qui grouille dans l’inconscient. A nulle d’autres qu’à la photographe  le titre malicieux de Michaux « Façon d’éveillés, façon d’endormis » peut convenir.
L’œuvre devient l’émergence d’une construction identitaire en un ensemble de photos intimistes en noir et blanc. Parfois l’artiste joue la comédie face à son appareil parfois elle exhibe la matérialité de son être ou la brouille.

A la galerie Joseph Bellows ces photos de 1972 sont complétées par une sélection de photos quotidiennes prises en 2014 et 2015 ainsi qu’une collection de portraits de la sœur de l’artiste, Krissy, lorsqu’elle était adolescente, ainsi qu’une compilation de pièces vidéo. Surgit de l’ensemble une réflexion sur l’évolution et le vieillissement et sur la capacité de la photo non seulement à fixer mais étendre le temps par delà les composts de la mémoire.
L’artiste travaille l’opposition entre la réalité et le jeu des apparences. Le tout avec mystère : au regardeur de reconstituer à travers les émulsions ce qu’il voit, de retrouver des harmonies du temps au milieu de l’intimité dévoilée selon diverses dérives.

Jean-Paul Gavard-Perret

Melissa Shook, « Daily Self-Portraits », Joseph Bellows Gallery, La Jolia (Californie), du 18 février au 31 mars 2017.

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