Plaçant son appareil au plafond, Mélanie Le Grand
poursuit depuis10 ans un travail de prises de vue de scènes composées à même le sol où elle s’insère parfois en des ensembles
légers et ludiques. La nudité n’est qu’un prétexte au simple plaisir de la
présence en des décors fleuris dans lesquels se développece que l’artiste nomme un « Panthéon ».
Il est panthéiste et animé de faunes et de déesses dont la divinité est terrestre.
La paix y demeure en maîtresse de cérémonie.
Paradoxalement et même si elle n’apparaît
pas en tant que telle la verticalité se crée dans les jeux scéniques. L’œuvre
devient corps mais un corps léger, festif.La fièvre de vie se dégage des seuls émois sexuels. L’artiste reste
proche d’une peinture italienne du quattrocento. Pas de schémasdirecteurs, de projets établis sinon le
dispositif de prise devue. Rien que le
désir ou plus précisément la buée de présence.
La plasticienne cherchedes directions,inventedes points de vue vers l'invisible. Dans chaque pièce s’installe une
propagation des formes souvent complexes. Elles jouxtent le chaos mais parviennent
à lui donner des ordres en imposant des équilibres et des déséquilibres repris
sans fin. Coloris et lignes directrices créent non une chute mais une
rédemption là où pourtant la plongée pourrait provoquer un écrasement. Un tel travail parle de manière sensible et effervescente
pour alimenter l'énergie formelle qui se déploie.La vie afflue offerte en un rythme retenu et
déployé, incessant et risqué. S’y éprouvent une
circulation, une germination spatiale.
Jean-Paul Gavard-Perret
Mélanie
Le Grand, « Déesses »,Galerie Causette – La Boutique des Arts Ménagés, 121
rue de Charonne, Paris, du 2 mars au 15 avril 2017.
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