En 1954 que le photographe suisse René Groebli publie « Das Auge der Liebe »  qui est plus un essai narratif qu’un recueil d’images. Celles-ci furent prises en France au cours de sa lune de miel avec Rita.  L’artiste capture les moments de son amour en mêlant l’éphémère, l’intime, le sensuel l’intemporel.

Ce qui reste de textile est une note tenue dans le silence de l’intime par effet de résonnance d’un certain désordre : Rita pose dans une certaine  indifférence voire un paradoxal ennui. Tout demeure néanmoins net et précis. En avance, en retard  sur les instants d’amour.

Le photographe laisse une marge d’indéfini dans un cadre fini selon une manière originale de dénuder et d’ajuster. Le moindre tissu est un diamant qui médite sur la beauté qu’il transfigure.

Il accorde à la femme l’abandon de ses gestes qu’il fixe sans enflure ou pittoresque. Demeure la juste essence, l’essence pure par l’élévation d’un chemisier, le rouleau d’un bas qui rachètent les larmes d’émotion de l’éros.

Jean-Paul Gavard-Perret

Rene Groebli, Das Auge der Liebe (L’Œil de l’amour) Réédité par Sturm & Drang, 2017, 80,00 CHF