Nick Meyer : le cours du temps

Nick Meyer tente de saisir l’esprit du Massachusetts et par delà son pays tout entier à travers des paysages et des portraits habités d’un fort sentiment de la vie et de la mort tant le jeune photographe est habité de l’angoisse du temps qui passe. La célébration du paysage et du portrait est donc duale en des formes singulières et parfois ludiques et parfois graves au sein de mises en scène radicales. Elles évoquent des moments au sein d’une confusion organisée et d’une feinte d'incarnation « réaliste ». La photographie devient le lieu où le visible transfiguré est livré au vertige.

Le statique ne fait jamais obstacle au sentiment du mouvement au sein des formes sombres ou illuminées. Souvent frappée par l’orage ou sa proximité l’image acquiert une qualité d’une lumière soit poudreuse soit profonde sous un ciel obscur et chargé d’une nature comparable à celle des passions humaines. Les intérieurs comme les décors de neige créent des formes instables. Nick Meyer met le motif au second plan pour atteindre ce des abîmes ou ascensions ordinaires jusqu’à faire de chaque photographie une extase, une détresse, une plénitude ou une solitude. L’émotion n’est jamais absente. Mais de manière plus allusive que directe.
Jean-Paul Gavard-Perret
Nick Meyer, « Either Limits or Contradictions », preface d’Aaron Schuman, Daylight Books, 144 p., 50 E., 2017.
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