Françoise Bonnet : empreintes et espaces premiers

 

L’empreinte n’est pas l’emprise : c’est la pénétration du temps dans la matière, de la matière dans le temps. Françoise Bonnet les module en rappelant que le temps s’impose comme une certitude. La matière et ses formes sont un moyen de lui donner corps. L’art en « dit » ce que les mots ne peuvent pas « montrer ».  Des lignes et des couleurs naturelles, surgit un flux ordonné, l’énergie d’un noyau ou d’un obscur foyer. Se produit une éclaircie fractale entre l’esquisse et la totalité, le concret et l’abstrait. Cela peut se nommer excès de réalité mais aussi  poésie.

Sillons, émergences, traversées deviennent projets, attentes, avènements. Un éternel présent affleure là où Françoise Bonnet ouvre la matière, la libère d’elle-même afin d’y tracer d’autres voies. D’où les deux questions que pose cette pénétration : suis-je où je vois, là, que quelque chose passe ? Suis-je conscient de mon propre passage ? Dans tous les cas un avènement a lieu. La genèse de la forme devient indissociable de celle de son origine. Les regards participent soudain au réel par une incision qui est plus de l’ordre de la caresse que de la blessure. Demeure une source d’équilibre entre l’idée abstraite et la réalité, entre le vivant et le minéral, le temps “ infini ” et le temps humain.

Jean-Paul Gavard-Perret

Françoise Bonnet, « Fragments nature »,La Buissière (38), du 14 mai au 18 juin 2017.

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