Dirk Braeckman : carré blanc sur fond noir

La photographie chez Dirk Braeckman transfigure le réel en énigme. Celui-ci gagne en pulsion, en mystère, en érotisme. Le chromatisme des différents « degrés » de noir prend des aspects picturaux. Plus que jamais la photo devient un art de création et non de reproduction. Le photographe flamand cherche toujours à affaiblir les indices de réalité phénoménale, les illusions réalistes dans un seuil d'émergence minoré. En montrant moins il montre plus car il force à regarder avec une attention accrue.
L’éloignement du réel provoqué par affaiblissement lumineux fait le jeu d'une autre proximité. Existe - pour reprendre un terme de la préhistoire du cinéma - ce qu'on peut appeler un effet de "dissolving views". L'objectif d'un tel choix paraît évident : voir ce n'est plus percevoir mais "perdre voir". Le spectateur devient un témoin saisi par une sorte de "déceptivité" puisque l’imae viole les lois de la représentation. Pour autant - et à l’inverse - il est saisi une forme d’envoûtement en sortant d’une immanence terrestre. Ce n’est pas une compensation du réel mais une adjonction à ce qu’il offre.
Jean-Paul Gavard-Perret
Dirk Braeckman, « Biennale de Venise 2017 » IRK Pavillon Belge, du 13 mai au 11 novembre 2017.
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