Godeleine Auger la fée morgane

 

Godeleine Auger est une artiste secrète. Elle propose une vision métaphorique du plaisir et du féminin en suggérant le jeu de désir là où parfois les vêtements sont à moitié retiré. Ailleurs une culotte est abandonnée dans un lavabo. Plus loin encore des chevelures se frôlent.

Exit les visions hardcore. La créatrice reste la plus espiègle des érotiques entourées de jeunes artistes. Cécile Hug, Camille Moravia se prêtent à ses jeux. Les rejoigne parfois un vieux de la vieille toujours vert : à savoir Paul Armand Gette. Il voit sans doute en elle un bonbon rose, un délice. Néanmoins l’artiste n’est pas une simple friandise. Grâce à sa complicité bien des œuvres avancent et la féminité s’affiche, cérémoniale, fantasmatique.

Godeleine Auger s'attache à témoigner de l'intime avec pudeur mais jusque vers le point de basculement du désir - manière d’inviter la spectatrice ou le spectateur à explorer ses propres fantasmes. La magicienne des songes - un rien « méphistoféline » - propose des voyages en paradis terrestre. Son corps est un paysage et le paysage un corps dont le calice de l'hédonisme reste suggéré. L’actante invite à une suite de jeux de plaisirs complices. Demeurent le charme de l’érotisme et une charge libidinale que l’artiste introduit en ses rituels et ses cérémonies secrètes.

Les parfums enveloppent les silhouettes le plus souvent décadrées. L’artiste capte des seuils. S’ouvrent des paupières et le devenir des femmes entre autant dans le cœur que dans le désir de la créatrice. Elle sait que l’érotisme est aussi une cosa mentale. Le reflet du réel ne suffit pas et, en fée Morgane,  l'artiste offre une autre vision optique. La littéralité lentement s’abandonne. L’existence devient étrange dans l’aimantation proposée. Le regard est soumis à l’ignorance lumineuse d’une fleur épigyne.

Jean-Paul Gavard-Perret

Godeleine Auger, « God was a Girl », Galerie Les Bigottes, Vannes, du 19 au 11 juin 2017.

 

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