Les caprices architecturaux de Pietropoli

Si la tentation de Venise est – presque – une évidence, celle de New York relève d’un autre pari, d’une distance plus aérienne qu’il faut savoir s’imposer tant la ville aux mille gratte-ciels peut étouffer le piéton dans certains quartiers.
Pour aimer New York on doit se réorienter, sur les rives de l’Hudson, à Central Park ou Brooklyn, pour tenter de jouir un tant soit peu des ciels, surtout l’hiver quand les gris se mixent dans des camaïeux dignes des plus beaux horizons du Havre que Nicolas de Staël peignit si merveilleusement…

Imprégné, mais non écrasé, par l'empreinte de Turner également maître es ciels, Patrick Pietropoli s'est composé ses propres émotions horizontales où flirtent des éclats de lavande derrière un nuage ou pleurent les cotons imbibés d'amertume, et tous nous bercent d'une musique picturale toute en farandole de voyages impossibles...

Venise ? New York ? Patrick Pietropoli n’a pas voulu choisir, amoureux des deux cités, ces deux poumons terrestres : Venise en son temps, New York aujourd’hui, respirant au rythme des bulles spéculatives, expirant au son du canon, inspirant avec le cours du brut, New York qui n’est pas une ville américaine mais le centre du monde et Venise qui n’est pas une ville italienne mais le point nodal des émotions, le cœur de la mémoire des Hommes.

Il fallait donc un artiste pour tenter de mixer ces deux énigmes, inventer une ville hybride faite d’eau et de tours, de palais et de ponts monumentaux.

Pour adjoindre la lumière infinie qui transporte l’œil du regardeur, Patrick Pietropoli a choisi de réaliser ses tableaux sur toiles préparées à la feuille d’argent, donnant ainsi un reflet à l’huile au-delà du pigment coloré, offrant cette profondeur qui invite à pénétrer dans l’image regardée. Par cette technique il parvient à redonner de l’éclat à ce qui n’est pas de l’aquarelle ; le voilà ainsi petit frère de Salzmann, le peintre de l’eau…
Cette œuvre ouvre à l’infini, nous le montrant à portée de main, il suffit de tendre le bras pour être absorbé : un pas en avant et vous êtes au cœur du mouvement, vous n’avez plus qu’à vous laisser porter, à déambuler sur le pont de Manhattan ou sur les quais de la Dogana, le nez en l’air pour ne rien rater de ces ciels et sentir l’odeur des embruns marins qui vous fouettent le visage…

De très belles pièces sont exposées jusqu’au 7 juin à la galerie Claudine Legrand (49 rue de Seine – Paris VI), de tailles raisonnables qui les prédisposent à venir enrichir votre intérieur.

 

François Xavier

 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.