Redécouvrir l’œuvre de Louise Hervieu

Louise Hervieu a connu une existence difficile. Syphilitique de naissance, souffrant depuis sa naissance, elle est restée toute sa vie d’une santé très fragile. Mais – eu égard à son état – elle développe son don pour le dessin et la peinture. Toutefois, après l’échec de sa seule exposition de peinture à l’huile elle se dirige vers la lithographie.
Elle illustre  Les Fleurs du Mal et les Tableaux parisiens de Baudelaire. Elle publie recueils de dessins et  romans qu’elle illustre. Mais l’affaiblissement de sa vue l’oblige à quitter la couleur pour le noir et blanc. Dans ses dessins au lavis ou au fusain, elle ôte certaines parties afin de créer des nuances claires par le blanc du papier.

Son roman Sangs obtient en 1936 le prix Fémina.
Elle en profite pour diffuser le combat à mener contre la syphilis et elle est à l’origine du Carnet de Santé pour tout nouveau-né afin de connaître ses antécédents familiaux et ses soins tout au long de sa vie. Mais il faudra attendre 1961 pour qu’une rétrospective de ses œuvres ait lieu (au côté de Suzanne Valadon et de Marie-Anne Camax-Zoeggerst) au Musée Galliera de Paris.

L’artiste fut un personnage étrange de la littérature et de l’art. Elle vécut dans un appartement aux tentures closes d’un vieil hôtel centenaire. Riche d’une force intérieure elle tint dans l’épuisement et une maigreur extrême et quasi-grabataire, peu à peu sans pouvoir ni lire, ni écrire et se nourrissant de tapioca, d’une  biscotte émiettée dans l’eau et les jours fastes d’un maigre de jambon.

Son œuvre plastique est paradoxale.
L’artiste – hantée par une idée spirituelle de sa mission jusqu’à en être auto-persécutée – trouve un exutoire à son attention (euphémisme) à la misère du monde et son espoir de délivrer l’être. Ses images ouvrent souvent un domaine bien différent. Une paradoxale puissance de l’éros y apparaît comme envers de son mysticisme. L’artiste ose y montrer des lieux infréquentables. S’y développe une descente en spirale. Elle y explore des lieux et des actes en proie aux frénésies de la chair. De telles visions érotiques prouvent que personne n’est guérissable de tels maux ou péchés.
Ils trouvent néanmoins chez Louise Hervieu la beauté de danses au bord des abîmes.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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