Ernest Pignon Ernest et les écrivains

Difficile de critiquer l’œuvre d’Ernest Pignon Ernest  sans courir les foudres des bonnes âmes : l’artiste a fait descendre l’art dans la rue, l’a présenté dans les prisons et est devenu par ses portraits transferts l’illustrateur des icônes de la littérature (entre autres) pour usage quotidien.

Son art est politique, et là où le diable trouve à faire l’artiste vient mettre un bout de ciel. Mais une telle esthétique ne s’affranchit jamais de la tyrannie du miroir. Les jeux entre création, reproduction et décalage sous effet pétard restent néanmoins frileux. Un tel art répond à des codes admis d’une manière pédagogique mais sommaire.

Il n’existe désormais dans l’œuvre moins de prise de risque que d’ornementation. A l’image du scepticisme l’artiste préfère le merveilleux de ce qui a été et qui n’est plus. Jaillit du film du monde des images confinées et fantasmatiques.

L’œuvre est nostalgique dans son jeu de proximité et de distance. Et celui qui fut le fer de lance de l’art engagé travaille une sorte de  magie mécanique qui rassure. Elle devient un moyen de se déprendre du réel là où le monde scintille.

Sans le savoir l’artiste  prouve que les images qui  nous émeuvent crée une harmonie prédatrice voir pernicieuse puisqu’elles nous dépassent en nous prenant.  
Bref, contempler une telle œuvre rassure par son illusion.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Ernest Pignon Ernest, Poètes et écrivains, Galerie Chantal Bamberger, Strasbourg, du 8 septembre au 13 octobre 2018.

 

 

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