L’art en famille

Dix chapitres pour descendre le temps de l’art pariétal aux œuvres d’aujourd’hui, ou alors pour remonter les siècles du Balloon Dog de Jeff Koons aux empreintes rupestres de La Cueva de las Manos !
Une fois ouvert, ce grand album a le charme des petits livres d’autrefois, quand on apprenait le jeu des civilisations en regardant des images seulement en noir et blanc. Avec une touche de modernité en plus, des teintes juvéniles et naturelles, il donne cet aspect inépuisable de la joie à redécouvrir des figures et des objets connus mais un peu oubliés. Les dessins par dizaines et dizaines qui s’alignent sans ordre apparent recomposent pourtant la logique artistique d’une époque.
Par exemple, pour l’Antiquité, en jaune, bleu, vert et rose, s’alignent Nefertiti immortalisée par son buste célèbre, Remus et Romulus sous le ventre nourricier de la Louve romaine, les colonnes du Parthénon dans leur perspective parfaite et une momie de chat égyptien. Pour la Renaissance, on admire, assemblés pour l’occasion, le digne portrait d’Henri VIII exécuté par Holbein, les deux mains ineffables de la Création de Michel-Ange, le théâtre du Globe où Shakespeare jouait, une presse à gravure comme on peut toujours en voir au musée Plantin-Moretus et une robe à collerette portée à la Cour.
Ou encore, pour relier entre elles les Avant-gardes, l’œil peut aller de la Joconde parodiée par Duchamp à la silhouette inimitable de Charlie Chaplin en passant par Le Cri angoissant de Munch et un effet spécial de l’ingénieux Georges Méliès.

Mêmes contours rapides et précis, mêmes codes couleurs avec quelques variantes, même allégresse des formes pour un retable médiéval que pour  Maman, la gigantesque araignée de Louise Bourgeois.  Louise Lockhart a le talent de sa jeunesse. Elle semble avoir pris beaucoup de plaisir à chercher ce qui dans chaque période retenue ressort, se distingue et s’impose. De ce fait, elle renvoie une bonne part de son plaisir personnel à ceux qui suivent son parcours à la fois ludique et historique.
On voit à travers cette galerie de symboles, d’aveux et de témoignages combien un style traduit et révèle un moment de l’esprit créateur humain et comment les idées des artistes paraissent s’aimanter autour de quelques idées forces qui caractérisent ensuite pour les générations suivantes leur relation au monde qui les entoure.

De façon simple et directe, ces pages invitent à voir dans cette progression au fil des ans de l’art en général l’essentiel repris selon une approche nouvelle et une formule inattendue, proposant un choix esthétique original. A ne pas en douter, côte à côte, parents et enfants se plairont à se raconter cette longue aventure de l’art.

Dominique Vergnon

Louise Lockhart, Le Grand inventaire de l’art, 370 x 260, édition ACS Sylvie Chabroux, septembre 2018, 48 p. -, 19 euros

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