Corinne Mariaud : renversements des perspectives

Au moment où l'Extrême-Orient impose progressivement sa puissance face à l'occident, la série de Corinne Mariaud réalisée à Singapour et à Séoul montre combien les jeunes asiatiques s'intéressent à leur apparence et la "déplace" vers des standards européens et américains.
Le diktat des stéréotypes occidentaux perdurent et ont la vie dure dans la représentation de la féminité chez celles qui placent la beauté au sommet de leurs préoccupations. Pour améliorer leur apparence elles la transforment au moyen, et par exemple, de lentilles élargissantes et colorées qui leur donnent des yeux plus grand et clairs.

C'est en Corée du Sud que cette mode est la plus flagrante. L'intégration à un modèle occidental se pratique très tôt au moyen de la chirurgie esthétique intensive. Il convient d'avoir "Bambi eyes", "V smile" et nez plus pointu par successions de retouches qui font de chaque jeune fille une victime fashionista de modèles fantasmés.
Peu à peu elles deviennent des clones. Cela permet à l'artiste d'approfondir son travail sur les stéréotypes mondialisants et la réduction du corps ou de la psyché à un modèle.

L'œuvre est l'aboutissement d'un lent travail d'approches et de révisions. Il s'agit de dégager des constantes, de laisser des traces visibles et invisibles. Le corps s'ouvre et se referme. D'autres paupières se soulèvent dans la mémoire. La femme s'expose comme photo-copie. Une pulsation reste ce qui sourd néanmoins d'une telle pulsion. L'artiste éclaire ce qui brouille l'identité au nom d'un conformisme aux valeurs consuméristes d'une apparence qui ne suppporte plus la différence.

Jean-Paul Gavard-Perret

Corinne Mariaud, Fake I Real Me, Galerie Myriam Bouagal, Paris, du 10 novembre au 22 décembre 2018

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