Guillaume Varone : déplacements

Avec Varone nous franchissons des seuils de l'intimité. Mais la pudeur et de mise : nulle accroc d'un érotisme surfait. Et ce vers le dénuement au sein de paradoxaux Fiat Lux in Tenebris lucet et afin de sortir de l’abyme des images trop bien assorties.

L'artiste désigne un chemin à travers l'intime comme dans les paysages de Slovénie. Divers rayonnements irradient la nuit de l’être. Des vibrations lumineuses effacent les pensées de néant. S’introduit un rapport perpétuel d'échange. Le seul viol est celui du noir ou de l'obscur pour donner place à la présence.

L'être n'est jamais "pris" en de telles images afin qu'un "vérité" puisse enfin être fixé. Ce qui paraît roc se creuse, se volatilise pour laisser place à la crue d'un fleuve intérieur et d'un lac du même type. Emerge une émotion. C’est pourquoi chez Varone la lumière n'est pas sans rappeler ce que Plotin appelle hypostase : une réalité à la fois concrète et intelligible, impalpable mais sensible.

Le corps - et pas seulement le regard - est pénétré par l'image qui ne se veut jamais intrusive mais juste à l'assaut des solitudes que chaque portrait isole. Le regardeur franchit d'étranges passages. Nulle fin et nulle entrée. Passage, que passage. Dérive nécessaire dérive. Et, soudain, s'ajoute aux rires d'ébonites ce seul et unique espoir : franchir le seuil pour sortir de nos propres obstacles.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Guillaume Varone, Début, Analix Forever, Genève
Regard sur la Slovénie avec Klavdij Sluban, editions Pixum, 2018

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