Marie Paccou l'enlumineuse

Fan de dessins animés (mais pas forcément de Disney) d'où elle vient Marie Paccou eut pour héros d’adolescence des court-métragistes somptueux comme Frédéric Back et Caroline Leaf. Et elle poursuit un but : ne pas seulement user de dessin animé mais que l’animation aie une place dans l’Art.

Elle expose sur 3 niveaux son oeuvre débridée, drôle et poétique. Au rez-de-chaussée, dans 5 vitrines, il y a une trentaine de livres, sur chaque vitrine une tablette diffuse en boucle l'animation contenue dans les livres Au 1er où le grand format fait des pages de l'Ecume des Jours, suspendu comme un étendard, elle a créé une "installation domotique pour 13 livres et une vidéo et au 2e, des croquis préparatoires et des outils, ainsi d'un documentaire sur son travail d'enluminure.

Princesse des images et des livres en mouvement, elle a eu ses premiers succès de dessinatrice en reprenant à sa main Sarah Kay lorsqu'elle était au CP. Et dessiner sur les livres ressemble à un rêve d'enfant qu'elle a continué.
 

Pour ses flipped books (ou livres flippés) elle doit s’adapter au format de l’ouvrage, à la qualité du papier (les Folio Poche, il faut le savoir, le papier est un buvard, c’est terrible), et évidemment au nombre implacable de pages, tout en essayant de respecter le texte. Parfois elle se soumet à ces contraintes (Tristan et Iseut), parfois elle détourne le texte pour le transformer en farce (Qu’est-ce que la Métaphysique ? ou "Les Soucoupes Volantes Existent").

Celle qui relit souvent Plume de Michaux ressemble à ce héros. Mais devenue mère et en sorte de miroir "je dois avouer que dans Blanche-neige, je comprends de mieux en mieux l’affreuse marâtre. C’est inéluctable mais je ne m’y attendais pas. Il faut dire que j’ai une fille adolescente et très belle" dit-elle.
Fascinée par le studio de Youri Nostein, réalisateur d’animation russe aussi talentueux que elle aime la prise de risque. Comme elle aime les films de l'anglaise Lizzy Hobbs de Londres pour son goût de l’expérimentation. Elle anime des ateliers avec des enfants, ce qui exige de se renouveler constamment, de mettre au point des outils rapides, peu onéreux : "C’est éreintant mais artistiquement, ça amène à une forme de radicalité, en tout cas d’énergie".

Peu à peu elle est reconnue et cette exposition muséale le prouve. Cela donne de l'énergie pour ne cesser de défendre la place de l’Animation dans l’Art et le Cinéma et la place des femmes dans cette création.

Jean-Paul Gavard-Perret

Marie Paccou, Exposition Flip books, Médiathèque VOYELLES, Médiathèques Communautaires Ardenne Métropole, La Pellicule Ensorcelée, Cherleville-Mézières, jusqu'au 2 novembre 2019

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