Marie-Pierre Thiébaut – La forme-geste

Plusieurs expositions simultanées se tiennent à La Piscine, après celle consacrée à la Seconde école de Paris, il y a aussi les sculptures de Marie-Pierre Thiébaut à ne pas rater. La sculpture est un peu le parent pauvre de l’art. Difficile à exposer. Compliquée à vendre. Imposant, cher, parfois délaissée par les médias. Sauf dans l’AC où la démesure l’emporte. Alors quand en plus vous êtes une femme…

Marie-Pierre Thiébaut est poète avant d’être sculptrice. Elle conçoit des formes vaporeuses, des jeux de couleurs, du dur qui semble mou, évanescent, léger comme l’air. Son style et sa technique créent une nouvelle perception. Nous rapporter la lumière qui éclaire comme si elle éclairait son propre rayonnement… Immatériel. Novateur. Son art si particulier rappelle les matériaux des origines lointaines. Des vestiges ayant transités par la mer pendant des décennies. Des rebus de la Nature corrigés pour rappeler qu’à l’origine il y eut une vie. Une épure qui mélange air et eau.
Certaines pièces rappellent des ondulations de fonds marins, le granulé de la peau d’une vague, l’intimité d’un corps dépouillé de ses membres. Tout un univers effleuré. Suggéré avec grâce, ferveur et présenté avec des touches d’absolu.

Il fallait rendre visible cette invisibilité. C’est le travail de l’artiste. Marie-Pierre Thiébaut mixe l’un dans l’autre la coloration et le transparent. Elle donne une plastique à la conscience éparpillée au fil des lieux, du monde. Elle parvient à imprégner d’un pigment liquide le résultat de ses gestes précis qui métamorphosent l’origine. Elle offre une forme à l’aura féminine. Ce mystère du don d’être une femme.
Elle écrit, elle peint, elle sculpte… Elle caresse le fluide de l’Humain. Elle façonne le modelé des organes sublimés. Elle affiche le désir magnifié par l’absence et le silence. Il faudrait pouvoir écouter la mélodie du vent se glisser entre les interstices. Aspirer à la spiritualité des espaces inexplorés que ses sculptures désignent. Fenêtres ouvertes à l’univers en devenir. Empreinte de nos pas laissés dans la poussière du monde.

Annabelle Hautecontre

Collectif, Marie-Pierre Thiébaut – La forme-geste, 180 x 240, nombreuses illustrations couleur, éditions invenit, octobre 2019, 160 p.-, 16 €

 

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