Isabelle Alfonsi : révision des principes esthétiques

Isabelle Alfonsi définit les lignées d'un art queer contemporain. Elle recrée les parallélismes et les déraillements entre ce mouvement et celui du monde et des esthétiques de la domination masculine et nominale.L'artiste définit des enjeux puissants de déconstruction de trois mythes : le génie, le genre homogène, l'art coupé du monde et réduit à la white cube de la galerie. Il est question – en contre coup – d'émancipations des formes, bref des enjeux esthétique – mais aussi politiques.
 
L'essayiste  ouvre ou réhabilite  le rôle d'artistes émancipateurs qui remontent pour les plus anciens à un activisme lesbien des années 20 défendu dans des revues de l'époque telles que Réversion ou L'Amitié et illustré par Claude Cahun entre autre et sa compagne. Isabelle Alfonsi leur refuse d'être confinées et réduites au rang d'artistes maudites.

Le minimalisme américain est l'occasion pour l'auteure se s'élever contre Sol Lewitt et la partie masculine de ce mouvement afin de  souligner qu'il en existait un autre effacé mais bien réel et qu'illustre Robert Morris mais aussi sa compagne Simone Forti.
 
Le livre devient une démarche archéologique. Elle est importante car elle déplace curseurs  lignes et regards. Il échappe au récit dominant entre autre dans la manière de montrer comment un post-minimaliste a réinventé bien des dispositifs jusqu'à l'informe, les humeurs, les affects.
Le queeer est aussi l'émergence du corps et le passage à l'universel des assujettis qui soudain y accèdent et l'enrichissent à travers le travail d'Yvonne Rainer ou Michel Journiac qui ont su prendre en charge tous les types de regards par diverses ruptures et la création d'esthétiques relationnelles dans un geste pluriel et parfois anonyme.
 
Jean-Paul Gavard-Perret
 
Isabelle Alfonsi, Pour une esthétique de l'émancipation, éditions B 42, septembre 2019, 160 p.-, 22 €

 

 

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