Magali Cazo et l'intime

Magali Cazo ne cesse d'explorer le corps et l'intime dans une sorte de recueillement où les images disent ce que les mots ne font pas. Sa pratique le d'éros quoique empreinte de volupté ne manque pas d'une forme de pudeur.
La mémoire conserve une part importante pour affûter une vision où le corps de la nature comme la nature du corps se confondent de manière insidieuse et subtile.

Tout devient  travail de discrétion et d'intériorité là où l'enfance garde une part importante. L'artiste – comme lorsqu'elle était petite – joue à inventer des verts paradis où – qui sait ? – ceux du passé rejoindraient ceux du présent.
Comme l’escargot sortant les cornes le corps débouche de sa coquille – mais juste ce qu’il faut. Il reste sa propre mesure. Et l’artiste brouille les cartes qu'espère le voyeur.

De telles œuvres engendrent un recueillement, une attente. Elles s’enchaînent comme des répliques au temps. L'artiste n’a plus besoin d'en déplier ses raisons. et désormais au maelstrom d'émotions elle préfère une formes de distance – mais pas totalement.
Juste par protection.

Elle sait qu’on est rien, à personne. Qu’aucun ogre ne vole au secours de quelqu’un. Elle laisse sourdre une suite de glissements par déboîtement d’ombres et de lumières.
C'est pourquoi ses louves ne sont jamais arrogantes. Mais soumises non plus. Pas question à l’ogre de se jucher sur leur dos sans qu’il apprenne le morse de l'amour courtois.

Demeurent des vallées des promontoires comme de fines silhouettes aux hanches étroites. C’est donc bien comme sauter de l’enfance en passant par l’ogive qui demeure cachée mais dont les ombres rebondissent.
Chaque corps fantôme ne change pas. Il dit : Viens par là. Mais ici, pour le voyeur, la rencontre demeure impossible, le seuil infranchissable. De tels lieux le place sur d’autres gonds. Histoire, par l'art et l'écriture, de créer d’autres ouvertures.

Mais afin d'y arriver, l'artiste en a payé le prix : elle a mis en scène sa vulnérabilité dans un espace qui lui fut hostile : Elle s'est jetée en pâture. Et ce "elle", c'est moi. Mais désormais Magali Cazo est plus lucide ce qui ne l'empêche pas de cultiver avec lucidité et instinct un exercice de beauté et de liberté.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Magali Cazo, Eponyme (éditions derrière la salle de Bains) et Les Exuvies (éditions Les Fragiles)

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