Dans les zébrures du temps et de l'espace : Joanna Concejo

La pérégrination vers le passé de Joanna Concejo peut devenir une avancée vers l'existence en divers caviardages et montages. C’est pourquoi la matière poétique générée par la créatrice d'origine polonaise n'est pas une simplification de la vie mais son approfondissement.

L’artiste par ses approches plastiques et à travers les textes de son conjoint prouve que si les mots ne font pas forcément défaut leur comment dire cache un comment ne pas dire. Le dessin en un tel "envoi" peut devenir nouvelle affirmation de la poésie lorsqu'elle accepte le risque de passer de l’endroit où tout se laisse dire jusqu’au lieu où tout se perd en une fin de non recevoir ou s’extrapole le temps de la mémoire.
Par un mélange de réalité et de sa biffure Joanna Concejo poursuit un travail impertinent de défiguration autant de son propre héritage d'images que celui d'un corpus plus général. Le surréalisme mais aussi un art faussement naïf ou enfantin ne sont jamais loin. De la gamme pléthorique du monde l'artiste vide partiellement l’espace.
D’où, une vision qui en isolant le fond contextuel, prouve que - qui que nous soyons - nous sommes autant de partout que de nulle part.

Des éléments orphiques, en mixages et biffures, se répondent. Des actes demeurent en suspens de l'enfance. La présence de lieux hybrides et inconnus, entre envolée et précipice, devient l'apanage d'inscriptions premières du réel où ce dernier se  trouve décalé.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Joanna Concejo, Ne le dis à personne, (texte de Rafael Concejo), éditions Format, novembre 2019, 128 p.-, 24 €

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