De Cythère à Cytter

Keren Cytter est vidéaste et performeuse de premier plan. Elle a créé entre autres des narrations à travers plus de 60 films en ces dix dernières années. Sa reconnaissance internationale passe aussi par ses dessins et photographies.

Elle est de plus une écrivain de renom auteur de trois romans (en particulier The Seven Most Exciting Hours of Mr. Trier’s Life in Twenty-Four Chapters, de poèmes, d'un journal intime ( White Diaries) et d'un livret d'opéra..
Pour Keren Cytter la femme est implicitement considérée par une doxa machiste telle une copule (sans sujet, ni attribut – sinon celui de ses formes qu'elle doit offrir à son alter si peu égal et qui la soumet à ses quatre volontés), un corps compulsif en perte de pensée. 
Bref sa tête ne serait qu'un bilboquet à la merci des cerveaux mâlins qu'elle fait disjoncter. Mais l'artiste américaine s'élève contre une conception du néant de l'être féminin fait de spasmes et d'entailles ou blessures. Dans ce but elle renverse les codes autant esthétiques que politiques.

Toute une réalité sociale est là dans un travail expérimental qui renverse les habituelles visions ou histoires là où existent des rappels des univers d'Alfred Hitchcock, John Cassavetes, Roman Polanski, Tennessee Williams et Samuel Beckett. Rien de linéaire ou de chronologique dans de tels montages.
Keren Cytter casse les schémas d'interprétation classiques là où se mêlent des éléments autobiographiques à une imagination des plus fertiles. Les personnages sont toujours imbriqués dans des situations compliquées. Ils soulignent différents types d'aliénations dont la femme subit les conséquences. Cytter fait s’épancher des possibles à l’illimité vertige de la provocation toujours subtile.


Jean-Paul Gavard-Perret
 

Keren Cytter, Noga Gallery, Tel-Aviv, été 2020

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.