Jan Van Imschoot : ceci n'est pas une soupe

Né à Gand, Jan Van Imschoot est un des peintres belges majeurs et reconnus internationalement. Ces dernières années, il a présenté son travail au Kunstpalast de Düsseldorf , au Museum Dhondt-Dhaenens à Deurle, au National Art Museum of China à Pékin et à la Fondazione Volume! à Rome.
En 2018, il a participé à l’exposition collective Sanguine/Bloedrood conçue pour le M HKA à Anvers et pour la Fondazione Prada de Milan, et en 2019, à Feast of Fools, Bruegel Rediscovered au Château de Gaasbeek.

Peintre typiquement flamand il reprend cette tradition par de grands tableaux où il adapte la nature morte à son univers singulier pour lui rendre ses lettres de noblesse grâce à sa virtuosité, sa maîtrise, son humour. Il  puise dans l’univers d’un des maîtres du genre,: Willem Claeszoon Heda.

Revendiquant le statut d’anarcho-baroque, il revient dans son pays natal pour présenter un nouvel ensemble de natures mortes. Il les revisite selon une représentation qui navigue entre réalité et fantaisie.

Grouillent sur fond sombre des univers flamboyants de vaisselle luxueuse, mets raffinés et nappes de soie qui rappellent le luxe, le calme et la volupté. Mais sous ce monde d'apparat se cache  toute une fantaisie aux motifs érotiques, historiques ou religieux. Si bien que de telles  révélations n'ont rien d'innocentes...
Une somptueuse cafetière couverte d’un verre de cristal est accompagnée de lettres rouge-sang où se lit les mots  "le viol". Une ripaille se transforme en un paysage de mer houleuse. Une coupe à vin typique des siècles passés est jouxtée par un paquet de cigarettes de notre temps.

Le bouillon de onze heures est donc - par son titre et le contenu des toiles - des plus ambigus. Il peut s'agir comme l'expression l'entend d'une mort annoncé mais tout autant d'une critique de l'art. Le picturalement correct cache ici  bien des "remords" et des farces.

Van Imschoot met en scène le rôle de l'artiste et de son travail. Au réel tel qu'il est ou était, fait place un conte aux mille et une facettes livré à la libre interprétation du spectateur. Et l'artiste d'ajouter : Notre imagination joue un rôle capital.
Elle est attisée ici par l'exploration de notre histoire et celle de la peinture classique comme du sens à accorder à la vie, à la réalité et l'image qui les scénarise.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Jan Van Imschoot, Le bouillon de onze heures, Galerie Templon, Bruxelles, du 29 octobre au 24 décembre 2020

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