Gal Leshem : ce que le voile dévoile

 

Après avoir étudié la philosophie, Gal Leshem a travaillé en Israël en kibboutz au sein d'un collectif d'artistes pour générer un mode de création plus ouvert. Et afin de s'éloigner de la figure de l'artiste enfermé dans sa tout d'ivoire. Le travail de la plasticienne s'oriente très vite  travers l'utilisation du textile avec un clin d’œil à l’abstraction géométrique du début du XXe siècle.
Son intérêt pour cette école est née lorsqu'elle vivait en kibboutz au côté les immigrants d'Europe de l'Est qui installèrent les villages "socialistes" et étaient intéressés par l'idéologie marxiste et les expérimentations révolutionnaires du Constructivisme. Pour ceux-ci la géométrie représentait un langage visuel au service d'une utopie politique idéale et générale.

Cette universalité de la géométrie en tant qu’outil politique reste néanmoins et pour une telle artiste, bien plus complexe. D’une part, il s’agit d’un langage inclusif accessible à tous, mais d’autre part, il peut être considéré comme ignorant toute différence dans la lutte pour l’égalité.

Quand je pense à l’identité et à la collectivité, je m’interroge sur les individus dans ces structures révolutionnaires, écrit la plasticienne. Elle rappelle les façons dont l’idéologie est incarnée et marquée sur les corps individuels. C’est là que l’utilisation du tissu entre en jeu en apportant à toutes ces questions des références dans le domaine du corps.
Le tissu l'enveloppe toujours, c’est le vêtement, la tente, la couverture.  Et l’utilisation de textiles permet donc à ses œuvres de fonctionner comme un moule symbolique pour le corps tout en offrant à la créatrice un espace  afin de réagir à la rigueur "idéologisante"  du moule de la géométrie


Jean-Paul Gavard-Perret


Gal Leshem, Looking for Rubia Tinctorum, Huxley Parlour, Londres, du 11 décembre 2020  au 27 mars 2021

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