HCB à la BnF

Pleinement conscient de sa valeur en sa qualité de photographe, prévenant et même prévoyant pour son œuvre, pensant à l'avenir trente ans avant de fatalement quitter le plancher des vaches où, dans l'entre-temps, il se consacre alors de plus en plus assidûment à son cher dessin, Henri Cartier-Bresson sélectionne – Aide-toi, le ciel t'aidera, en quelque sorte ! – 385 de ses œuvres.

Pourquoi précisément 385 ? Mystère et boule de gomme ! Chacune étant en tout cas déclarée digne, à ses yeux, de le représenter tel qu'en lui-même sous le regard du public dans les expos et, au-delà, au sein des futurs volumes de l'Histoire officielle de la photographie internationale ou autres publications connexes.

Cela sans pouvoir se douter, d'évidence, une seule seconde que 17 ans après sa mort, pour cette exposition 2021 à la BnF (voilà qu'un seul commissaire ne suffisant pas, ils s'y sont mis à cinq – alignés derrière un commissaire-général-en-chef !) – son choix serait en quelque sorte remastérisé en autant d'exemplaires que de soi-disant maîtres-d'œuvre ; chacun d'entre eux se plaçant "à la tête" d'une cinquantaine de photos triées sur le volet des 385 préventivement validées par ses soins.
Ce qui est passablement désobligeant, il me semble, vis à vis du public ; comme entendu ainsi que tout un chacun ne serait pas capable d'avoir, da solo, le cœur assez à l'endroit et les yeux autant que possible bien en face des trous pour sortir d'une expo-photo avec sa propre appréciation, sa vision singulière, pourquoi pas son intime conviction.
À tel point qu'il faille donc, d'office, lui en imposer cinq d'un seul coup d'un seul sous la baguette – magique ? – d'un sixième larron, celui-là promu, je l'ai dit, général en chef de la mostra ! Sans parler des fâcheuses répercussions sur les finances publiques mises, du coup, à contribution – en tout six fois, donc, au lieu d'une – quand l'exposition, du 13 avril au 22 août, est encore très largement tributaire du confinement et les temps, plus que jamais ne le furent, à la décroissance.


Là-dessus, l'un des six commissaires, la photographe Annie Leibovitz, s'est tout bêtement tiré une balle dans le pied en déclarant sans façon dans le bla-bla habituel aux services de presse : Les portraits de Giacometti par Henri Cartier-Bresson m'ont toujours amusée. Tiens donc !
Du coup, son autorité et sa compétence en pâlissent quelque peu, dès lors d'autant plus douteuses que ces œuvres majeures se trouvent justement être – tout au contraire, c'est évident ! – sur un tout autre registre sensible que celui de son jugement.

Aussi, vive la photo, vive HCB, et si vous passez par là, bien le bonjour chez vous, commissaires !
 
André Lombard

 

Henri Cartier-Bresson, Le grand jeu, BnF, Quai François Mauriac, 75706, Paris, du 13 avril au 22 août 2021

Articles connexes :

Henri cartier-Bresson : une évocation.

Henri Cartier-Bresson au dessin 1

Henri Cartier-Bresson au dessin 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.