Henri Pertus, peintre admirable !

Fils du peintre Ferdinand Pertus et descendant, par sa mère, du sculpteur Louis Guillaume Fulconis qui réalisa la Coupo Santo, Henri Pertus naît à Nîmes en 1908, il meurt à Toulon en 1988.

Voilà un peintre que j’aurais bien aimé connaître personnellement, et voulu voir peindre !
Aussi – et par conséquent, je m’en veux -, je me demande encore comment j’ai bien pu ne pas savoir que, jusque dans sa vieillesse, l’artiste séjournait souvent à St-Martin de Castillon, son village de cœur au cœur de son cher Luberon, pour y travailler, voisin, à deux pas de chez moi !

Aujourd’hui, sous la plume et par les soins autant sensibles qu’experts et fervents de son cousin germain André Pierre Fulconis et de son fils Renaud, le numéro 326 de la revue Lou Felibrige lui consacre pas moins de quatorze pages richement illustrées. Truffées, en plus, de citations au pedigree étonnant : celles d’un peintre mystique chrétien du XXème, occitan de surcroît !
En voilà une, par exemple, pleine d'humilité et de reconnaissance : La première fois que je suis allé au Louvre, arrivant dans une petite salle je fus troublé : j’étais devant la Pietà d’Avignon. Sa sobriété, son rythme grave, et ceci malgré le tragique du sujet, m’a profondément ému et a eu, de sûr, une intense influence sur mes œuvres et sur ma ferveur pour les thèmes religieux. C’est ainsi que ces deux maîtres provençaux, Cézanne et le Maître de la Pietà d’Avignon, m’ont fait poursuivre mon chemin.
Ensuite, j’ai été aussi attiré par Poussin, Corot, l’École marseillaise avec Loubon et Guigou, les Fauves, Matisse, Dufy, etc. Pour les fresques et les peintures sur mur, j’ai apprécié les peintres primitifs : l’École de Nicolas Froment d’Avignon et les artistes du Quattrocento. En ce qui concerne la gravure sur bois, j’ai beaucoup étudié les graveurs du 14ème, Dürer, Holbein, et ceux du Japon, Utamaro, Sharaku, Hokusai, Hiroshige. Après la fresque, je me suis spécialisé dans la gouache.

J’aime comme – par tempérament – il ramène le paysage à l’essentiel, au primordial, quasi à l’originel ; le peignant de science infuse ou le coloriant simplement, mais le faisant sien sans coup férir, parfaitement, parce que toujours fidèle aux canons de la beauté selon son cœur. Ses personnages sont, eux, ceux de familières scènes de travaux campagnards, de joyeuses fêtes villageoises débordantes d’estrambord, que, aussi bien, de thèmes sacrés, folkloriques, traités avec brio, de source sûre, en chaque cas.

Par ailleurs, sous couvert de peintures, de gouaches, de fresques, de tapisseries somptueuses, de sérigraphies, de gravures elles aussi admirables, quel témoignage direct, mine de rien, sur la richesse et le foisonnement de sa vie intérieure ; sa foi franciscaine y circulant comme une sève pure irrigue jusqu’à la moindre de ses œuvres innombrables.
Et alors, finalement, quelle fructueuse, généreuse et reconnaissante louange de la part de l'artiste envers le Créateur !
En même temps, belle invitation subtile à tomber le masque et à se reconnaître, soi, chacune et chacun, sous notre vrai visage : frère ou sœur de messire Soleil, fille ou fils de notre mère la Terre ! Ce qui, par les temps qui courent, redevient tout à coup très actuel : Chassez le surnaturel, il revient au galop ! assurait Norge, fort à propos.

Le tout imprégné à fond - à cœur plutôt ! - de civilisation provençale dont Henri Pertus est et restera désormais à jamais l’un des chantres majeurs plus que respectable puisque jamais, ô grand jamais, son art ne tombe une seule fois dans le piège perpétuel d’un quelconque régionalisme béat ou de bien plus bas étage que ça.
Gloire à toi donc, à ton esprit ; et je te salue, peintre admirable !
 

André Lombard

Numéro 326 de la revue Lou Felibrige, septembre 2021, 5 €
contact@felibrige.org, ou 8 bis, avenue Jules Ferry, 13100 Aix-en-Provence.

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Dictionnaire illustré du village de Provence par André Pierre Fulconis

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