Dans le sillage d'une pensée de Lanza del Vasto

Combien en ai-je croisé et entendu s’exclamer de soi-disant amoureux amateurs d’art venant, tout heureux, d’acquérir une œuvre, ici ou là, à vil prix auprès de quelque particulier ignorant ou malheureusement en galère :
Tu te rends compte, à ce prix là, je ne pouvais quand même pas ne pas craquer…
Et j’ai même réussi à faire bien baisser !


Patatras ! Se dévalorisant ainsi du coup, eux-mêmes d’autant, par la même occasion. Tout cela, de plus, allant tacitement de soi, ni vu ni connu, comme tout naturellement et honorablement permis.
Genre d’amateurs qui n’achètent, en fait, qu’au rabais, ou alors au bout, souvent, d’âpres et mesquines négociations chicanières, jusque avec paiements échelonnés à la clef, en trois ou quatre versements, tout en disposant cependant bel et bien largement de la somme totale requise tenue au chaud sur leur compte bancaire ou, en bouclier de leur cœur, dans leur cher portefeuille ; sans doute histoire, pour eux, de faire durer le plaisir, autrement dit : profiter encore un peu !

Mais alors, une fois arrivé là, n’est-on quand même pas parfaitement en droit de douter que ce soit vraiment le tableau, le dessin ou la sculpture et leurs qualités propres qui les intéressent et les fait ainsi visiblement vibrer ?
Car tout à fait incapables, en le cas, de mettre le prix authentifiant ne serait-ce que la moindre furtive étincelle de véritable passion positive à leur actif.
 
Là-dessus, à l’inverse, certains, certaines, d'une tout autre trempe, savent s’attacher et défendre ce qu’ils aiment, admirent et respectent, selon d’autres plus hauts et nobles critères de valeur.
Eh bien, merde aux premiers – espérant que ça leur porte chance pour changer de mentalité – et gloire, n'est-ce pas, à ceux-là et celles-là qui s'engagent sans le moins du monde ratiociner ; telle cette personne – non, pardon, cette dame ! – du reste pas particulièrement argentée qui, ayant quand même justement bataillé dur dernièrement en salle des ventes en faveur d'une délicieuse Neige fondante de Serge Fiorio et qui, évoquant l’épisode, le conclue de façon superbe, avec un panache ô combien tout à son honneur comme, en même temps, à celui du peintre lui-même : Oui, en effet, ce tableau est très cher à mon cœur !

Déclaration d'amour, si l'on veut, en parfaite adéquation avec une pensée que Lanza del Vasto livre à notre appréciation sous la numérotation CCXLI de ses Principes et préceptes du retour à l’évidence. Pensée en laquelle il ne juge pas, mais constate, et synthétise simplement des façons d’être et/ou de faire du genre de ceux que je viens de mettre un peu sur la sellette : La sincérité qui ne coûte rien ne vaut rien, écrit-il sobrement.
Point à la ligne !

André Lombard

Articles connexes :

Voir Gandhi de Frédéric Richaud
Paix, force, joie..

Serge Fiorio, semeur de songes

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.