Béguins et chagrins à l’ouest

Un premier point commun réunit les héros célèbres ou inconnus de ces petits moments qui font à eux tous la grande histoire : leurs existences sont liées à des châteaux et de belles demeures qui se situent en Bretagne, en Normandie, en Anjou. Second point, les siècles se croisent et se correspondent, tels des calques dont seuls les contextes changent, ce qui montre que le tragique comme le grandiose n’ont pas d’âge et que chaque époque partage à égalité drames et comédies.
Enfin, autant les hommes que les femmes souffrent et font souffrir, sont des lions ou des pirates, des souveraines ou des courtisanes, des saintes ou des harpies, certains sont cultivés et raffinés, intelligents et dignes, d’autres veules et insolents, malades ou puissants. Tous manifestent et incarnent ainsi les éternels extrêmes de la condition humaine.

Ce qui fait qu’à l’abri des tours, des chapelles, des écuries, des courtines et des donjons de Clisson, des Andelys, de Falaise, de Brissac, de Chaumont, de Langeais, de Keroual, c’est tout un cortège de figures multiples qui défile, dessinées avec finesse et vivacité par Françoise Surcouf, rompue à l’exercice parfois difficile de restituer le passé en lui donnant des couleurs modernes pour mieux captiver le lecteur.
Férue d’histoire, amoureuse de sa terre bretonne, porteuse des fougues léguées par ses ancêtres, ayant fouillé archives et documents, après s’être rendu sur place, elle déroule en une trentaine de scènes qui ont pour cadre des lieux  emblématiques de ces provinces les destinées de Juliette Hugo, d’Anne Marie d’Orléans, du terrible Jacques Le Gris, d’Armand de Madaillan, de Richard Cœur de Lion, de Georgette Leblanc, d’Abélard, du chevalier de Fréminville, de Rodin et Camille Claudel, de Robert et Arlette, de Marie et Guy. Poussés par les passions ou les dominant, les personnages ne sortent pas de leur vérité historique mais leurs actes leur donnent des dimensions souvent romanesques, inimaginables, les rapprochent sinon de nous du moins de quelques relations ou connaissances...
Une lecture qui replonge la mémoire dans l’oubli d’événements qui pour paraître parfois anecdotiques, n’en ont pas moins contribué à enrichir les temps passés.  

Afin de visualiser chaque résidence où se vécurent ces faits souvent obscurs, sentimentaux, touchants, nobles, héroïques, à la fois désenchantés et enchanteurs, une photo accompagne le texte et une notice en fin de chapitre la décrit. Un lien Internet permet au lecteur d’en savoir davantage s’il le veut. Un détail, mais non négligeable, une carte localisant les sites aurait été bienvenue. 

Dominique Vergnon

Françoise Surcouf, Idylles à l’ombre des châteaux, éditions ouest France, mai 2022, 208 p.-, 15€

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