La migration selon Douna Loup

Langue va sur et à l'intérieur du sexe puisque l'amante ne peux s'en déposséder. L'amour est femme. Il n'a pas de prise sur ce sentiment pas plus que sur le désir. Et la genevoise Douna Loup écrit la traversée de la conquise. Elle est dévoilée, dévorée, voix nagent en sa ruelle en voirée. Sel et miel ruissellent. Se nouent tes lèvres à la perle où la langue vient nicher.
Le petit monstre interne sort de sa tanière. Puis jambes se mêlent et l'une mange dans la main de la mer de l'autre. Algues ouvertes les deux se noient sous l'eau des mots et des images. Lame de fond en leur coquillage. Éclosion au col des dedans, joues roues de ce voyage. Qui croyait mourir jouit, qui croyait se noyer jouit.
Voici les danseuses au-dessus des toits - Voilà ce qui se fait lorsque la langue dit en explorant la peau. Jambes s'écartent et le ventre dit l'ouverte aux frontières défaites. Cela s'encouble et se fond en marées, sexe frotté de langue pour le multiplier. Cosmos en résurgence, s'ourle la déferlante. Les deux flambent à la lune, s'amblent et s'éclaboussent. Plient les loi de genre, pouls battant. Couette ne peut plus rien recouvrir, draps se floutent. Corps se migrantent.
Jean-Paul Gavard-Perret
Douna Loup, Langue océane, dessins de Cendres Lavy, coll. Architextes, Atelier de l'Agneau, mars 2022, 78 p.-, 16 €
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