Quel étrange destin que celui du maussade Guylain Vignolles ! Outre la contrepèterie de son nom, sa principale distraction est de lire, tous les matins, dans le train de 6h27, des feuillets épars et sans lien les uns avec les autres et qu'il aura pu sauver de la dévoreuse de livre, la monstrueuse machine qui mâchouille et chie les montagnes de livres mis au pilon - la pâte servira à faire d'autres livres, qui viendront rejoindre dans un cycle infernal de nouvelles montagnes de livres à détruire. Alors, chaque matin, il sauve un peu un livre, et offre aux autres voyageurs quelques petites histoires, un beau moment pour désennuyer le trajet. 

Chez lui, c'est céréales fades et parler avec son poisson rouge. Au travail, à part "le gros" qui passe son temps à emmerder le monde, il y a le gardien qui s'exprime en alexandrins, et son ancien collègue, son mentor dans le métier, qui laissera ses jambes dans la Zerstor 500 aux mâchoires infatigables... 

Quelques aventures comme la recherche de livres pour la quête particulière de son ancien mentor et la lecture bénévole dans l'hospice des Glycines, rien de bien extravaguant même si, il faut l'avouer, la vie de Guylain commence à frémir.

Par hasard, il trouve une clé USB et y découvre les mémoires très émouvants d'une jeune dame-pipi. Son récit émouvant va changer Guylain, et donner un but à sa vie.

Par la grâce de sa simplicité, Le Liseur du 6h27 est un très beau petit roman à la gloire de la lecture. Et la lecture qu'en fait Dominique Pinon, portée par sa voix  riche et généreuse, ajoute un indéniable plaisir au texte déjà passablement savoureux dont la richesse est lié aux qualités de nouvelliste de Jean-Paul Didierlaurent (deux fois lauréat du Prix Hemingway) qui prend un indéniable plaisir à enchâsser de nombreux petits récits, de nombreuses petites voix, dans son récit principal.