Comment allez-vous, monsieur Rodin ?

Nouvelle édition d’un ouvrage culte. Et nouvel ensemble qui se veut le plus fidèle possible de l’original paru en 1911. En sus de la reprise du texte, s’ajoutent les 84 photographies d’origine. Et se terminent par le célèbre Testament artistique de Rodin, publié après sa mort. À cela s’ajoute un appareil scientifique (notes, commentaires, études) qui aide le lecteur à suivre la pensée du sculpteur…
C’est en janvier 1910 que l’aventure débute. Publiés en feuilleton tout au long de l’année, les entretiens entre Rodin et Paul Gsell, paraissent dans La Revue. Ils seront ensuite réunis dans un volume édité par Bernard Grasset. Onze chapitres illustrés qui apportent un éclairage inédit sur la pensée et l’œuvre de Rodin. Car, comme ses pairs Falconet ou Michel-Ange, notre sculpteur est aussi écrivain :
L’art n’est que sentiment. Mais sans la science des volumes, des proportions, des couleurs, sans l’adresse de la main, le sentiment le plus vif est paralysé.

Véritable succès d’édition de l’époque (11 tirages successifs), ce livre est aussi une sorte de contre-pied à la mode des avant-gardes qui embrasait Paris. Il aura un impact considérable dans le monde entier, de la Russie (1913) au Japon (1916). Et influencera plusieurs générations d’artistes (Bourdelle, Giacometti, Moore…). Profitant de cette réédition, les éditeurs se sont penchés pour la première fois sur l’histoire de cette publication. Éclairant leur démarche sur la matérialité de l’édition originale, son contexte d’émergence et sa réception. Plusieurs essais éclairent des aspects jusqu’ici méconnus comme la nature de la relation entre Rodin et Gsell. Ou l’implication effective du sculpteur dans l’élaboration du texte. Ou le choix de l’iconographie. Ou encore la réception critique de l’ouvrage.

Quant à moi, chasseur de vérité et guetteur de vie, je me garde d’imiter (…) Je prends sur le vif des mouvements que j’observe, mais ce n’est pas moi qui les impose.

En deux phrases, l’idéal de Rodin est défini. Point d’imitation ni de farce ou de figures classiques mais une parfaite osmose avec la Nature. C’est sa définition de l’Art, une leçon de sincérité.

 

Annabelle Hautecontre

Auguste Rodin, L’Art. Entretiens réunis par Paul Gsell, sous la direction de Véronique Mattiussi, 84 illustrations, Éditions du musée Rodin, février 2022,  240 p.-, 10 €

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