Le cours insensé de la race humaine : Aurélie Denis et Irina Rotaru

Aurélie Denis et Irina Rotaru font vibrer le dessin par leurs prodiges iconoclastes et doux. Exit les eaux tranquilles et les verts pâturages de l’amour romantique. Les îles de la Sonde des artistes se marient avec la beauté d’ondulations et d’aventures érotiques où le jeu des corps est soumis à divers régimes « économiques ». Les jeunes « sorcières » illustrent la pratique des plaisirs dont les gains escomptés tournent au mixage des temps, du rêve et de la réalité cruelle. Sous le cristal argenté des lignes les édifices moléculaires du corps féminin sortent des courtepointes de taffetas zinzolin car les personnages en n’ont rien à secouer. Pas plus d’ailleurs que de nouveaux mystères humains conditionné par l’inhumain.


 Néanmoins ces personnages cherchent visiblement à donner plus de relief à la vie. L’esprit et le corps émergeant de l’instinct de conservation trouvent dans l’inconfort comme dans la chorégraphie un moyen d’améliorer le goût d’une vie où la religion du progrès finit par faire le progrès des religions. Existe sous le sourire un mélodrame blanc cousu de fil noir. Les deux artistes - «  ouistities » de l’indépendance  - poussent une fois de plus l’hilarité vers l’empire des sens. Les mâles (réduits à l’absence) y sont au mieux de bien petits bonhommes. Les deux artistes dans leur jeu de go home transmettent une âme aux fétiches érotisés. Leurs « gaffes » programmées les font moins Gaston qu’Achille là où en filigrane les hommes ont l’estomac dans l’étalon.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Aurélie Denis & Irina Rotaru, "Catalogue", livre édité à l’occasion de l’exposition "Guillotine Me Guillotine You", septembre-octobre 2°14, Galerie Hus, Section Pigalle, Paris, Editions Derrière la Salle de bain, Rouen, 12 E

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