Aimée Castain ou l'école du ciel, par Élisabeth Barillé (2)

L'école du ciel, de Elisabeth Barillé | Éditions Grasset

C’est évidemment bien peu dire que d’affirmer combien, dieu des chemins et des rencontres en chemin, notre Hermès personnel ne nous quitte pas d’une semelle tout au long de notre parcours terrestre. À la fois il nous y escorte et nous y guide au fil du temps, nous précédant même un petit peu à chaque pas comme un grand frère vigilant ou bien, plutôt, en un autre nous-même se trouvant toujours sensiblement en avance au moindre carrefour !

Ici tout démarre à celui-là même où a lieu le ratage in extremis de l’acquisition d’une maison en Sicile pour celle - alors ô combien réussie ! - d’une autre, plus modeste, certes, mais par contre ravissante à souhait car sise en plein ciel avec son jardin attenant, perchée tout au sommet, presque, du village de Banon, autant dire au cœur d’une Haute-Provence qui  – s’il l’on en croit le poète Jean Mogin, fils de Norge - est bien l’un des plus altier pays de France.

Ayant bien connu et donc d’entrée facilement reconnu la plupart des personnages dont - n’étant pas de fiction, quoi qu’en dise l’auteur en un laconique avertissement - seul le nom ou le prénom en ont été changés et parfois même pas, je crois pouvoir écrire qu’il s’agit là, à quatre-vingt-dix pour cent d’une histoire vraie, augmentée d’une méditation féconde exercée par l’auteur sur sa propre vie à partir de celles de deux couples qu’elle mène tout du long de front comme les deux chevaux d’un même attelage, en parallèle plus qu’en regard l’une de l’autre, en écho plus qu’en miroir ; sans jamais, par bonheur, se laisser distraire de cette heureuse et dynamique trouvaille d’écriture à deux temps.
Deux couples qui, n’étant pas du même milieu ni de la même époque, ne se sont pas connus mais que, parce que s’y rejoignant, chacune de leur histoire rapproche et relie en filigrane en ce livre écrit sous les graves auspices de la quête de soi à travers l'inexorable fuite du temps.

Le premier couple est celui de l’auteur elle-même et de son époux avocat : couple moderne. L’autre, d’un tout autre genre, celui formé d’une bergère poète et d’un rude paysan haut provençal.
La Fontaine eut tiré une fable peut-être d’un tel voisinage, mais il y a du conte aussi dans ce récit fort attachant ponctué au passage de belles et fortes sentences philosophiques, dans le genre imparable : L’amour c’est préférer l’autre à soi-même.
Je vous laisse découvrir ces pépites.

Et puis, une page chassant l’autre, apparaissent soudain de hautes figures s'il en est du haut pays provençal : Pierre_Martel, le fondateur du mouvement Alpes de Lumière, ainsi que Serge Fiorio, excellent peintre selon Cocteau, il maestro de Montjustin. Manque quand même le facteur-poète Jules Mougin pour reconstituer le trio.

La suite ? pourquoi pas la fin tant que vous y êtes !  Et je m’arrête là maintenant car, tout juste refermé, me prend l'envie de relire ce livre !

 

André Lombard

Élisabeth Barillé, L'école du ciel, Grasset, mars 2020, 234 p.-, 18 €

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