Congo, la Grande guerre en BD

 

L'aviateur belge Gaston Mercier, officier de l'armée royale, est chargé de repérer en juin 1915 le Graf von Götzen, un cuirassé allemand qui patrouille sur le lac Tanganyika dans la région des Grands Lacs. Le navire faisait partie de la redoutable Deutsch Ostafrika composée de 14 000 Askaris, des troupes indigènes encadrées par des centaines d'officiers allemands pour défendre une colonie qui s'étendait sur les territoires actuels du Rwanda, du Burundi et d'une partie de la Tanzanie.

 
Pour l'aider dans sa mission, on adjoint à Gaston Mercier l'aide d'un métis toujours habillé en kilt qui prétend être le fils de l'explorateur écossais David Livingstone et d'une congolaise. Les deux héros vont se lier d'amitié et de cette relation naît chez Mercier une remise en question de la colonisation européenne en Afrique subsaharienne.
 
 
La région des Grands Lacs ou l'illustration d'un conflit devenu mondial et total
 
La Belgique, pays dont la neutralité est pourtant reconnue par les grandes puissances européennes depuis un traité signé en 1839, est attaquée par l'Allemagne le 4 août 1914 et rapidement occupée par les armées du Kaiser, Guillaume II. En Afrique, le gouvernement belge, alors en exil en France, continue, non sans succès, la lutte aux côtés des troupes coloniales françaises et britanniques. Tous les moyens sont mis en œuvre pour contrecarrer les plans ingénieux du général allemand Paul Emil von Lettow-Vorbeck. Outre la mobilisation massive des populations locales, les dernières avancées technologiques sont mises à profit comme les hydravions qui joueront un rôle déterminant au-dessus de la forêt équatoriale.
 
Les illustrations en couleur de Barly Baruti qui a inspiré l'histoire de Madame Livingstone, sur une idée originale d'Appollo (le scénariste bien connu de La Grippe coloniale), sont d'une grande qualité graphique. Le charme visuel opère dès les premières pages. Ses dessins sont mis en valeur par les textes efficaces de Christophe Cassiau-Haurie, conservateur de bibliothèque et fin connaisseur de la bande dessinée africaine (il a travaillé au début des années 2000 en République démocratique du Congo). L'album est complété par un cahier "études et recherches" de 18 pages qui fournit un éclairage très utile pour mieux comprendre les enjeux militaires, politiques et technologiques de l'époque.
 
 
Au moment où l'on commémore le centenaire de la Grande Guerre, on ne peut que vivement conseiller la lecture de Madame Livingstone, une plongée réussie, depuis le ciel, sur les répercussions d'un conflit européen en terre africaine.
 
 
Mourad Haddak
 
Madame Livingstone, dessins de Barly Baruti, scénario de Christophe Cassiau-Haurie et préfacé par Jean Auquier, directeur général du Centre belge de la bande dessinée, éditions Glénat, juillet 2014, 22.50 €.
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