Malgré un titre quelque peu trompeur de prime abord, c’est bien d’animation japonaise et non du manga (la bande-dessinée) dont nous parle au sein de cette encyclopédie une belle brochette d’auteurs. Universitaires, critiques cinématographique et spécialiste de la culture japonaise se sont rassemblés pour nous parler de cette forme d’art télévisuelle et/ou cinématographique pas comme les autres.
A travers plus de trois cents entrées, le passionné d’animation, le néophyte curieux et même les cinéphiles auront plaisir à (re)découvrir les héros de leur adolescence ainsi que toutes les facettes méconnues de ce média trop souvent raillé au même titre que son consort sur papier, et ce tout aussi souvent à tort .Héros cherche auteursForce est de constater que le travail effectué par ce collège éclectique est d’une qualité constante ce malgré quelques entrées malhabiles digressant avec le professionnalisme de l’ensemble.
La qualité d’écriture et la profondeur d’analyse est d’une concision et d’une précision exceptionnelle pour des articles finalement extrêmement courts. Ce parti pris très adulte et très réfléchi contraste fortement avec la présentation générale, le recueil tenant plus de la revue jeunesse illustrée que d’un véritable travail d’essai. En outre les auteurs ne se montrent jamais condescendants vis-à-vis de leur sujet même sur des entrées jeunesse pourtant d’apparence sans intérêt.
Ainsi on retrouve avec le sourire l’histoire expliquée des héros de notre jeunesse d’Ufo Robot Grendizer (Goldorak), Dragon Ball ou encore Macross. Mais aussi des séries plus méconnues dans nos contrées et pourtant fondamentales au Japon comme Gundam. On s’attarde aussi sur les différents réalisateurs et dessinateurs, revenant ainsi sur les géants tels Myasaki, Oshii, Otomo et bien sûr Tezuka.
La clarté des renvois en bas de chaque article est la bienvenue, même si en revanche le choix des entrées semble quelquefois curieux quand on trouve régulièrement le personnage principal et pas l’œuvre originale. Autre bémol, l’encyclopédie traite presque exclusivement d’œuvres distribuées en Occident et fait fi des exclusivités intra-nippones.
Réhabilitation ou information pour un media porteur
Tout comme son frère ainé illustré le manga, l’œuvre d’animation japonaise a souvent fait l’objet sinon de railleries plus encore de la méfiance vis a vis de la violence de la part de la majorité du public occidental. Si ce dernier point peut s’avérer fonder, il ne faut en aucune sorte en revanche dénigrer la démarche intellectuelle du media bien supérieure à bon nombre d’œuvres occidentales du même type.
A l’heure où triomphe les studios Pixar, il serait bon de reconnaître le travail artistique fantastique du pays du soleil levant sur ce type de travaux. Même si son pittoresque et son humour, ainsi que son décalage culturel, peuvent choquer, il faut en revanche reconnaître une véritable démarche cinématographique dans bon nombre de leurs œuvres. Si certaines séries et films peuvent nous laisser perplexes d’autres nous laissent en revanche pantois de pat leur qualité. Les cinéphiles et cinéastes ne se sont pas trompés puisque les travaux de Myasaki, Otomo et ces dernières années d’Oshii ont bouleversé et influencé le cinéma actuel dans son ensemble. Un tel ouvrage nous permet donc de retracer ce parcours certes de façon chaotique puisque non chronologique de part sa nature mais bien par la profondeur de recherche sur le media.
Ce Manga Impact suscite donc plus qu’une curiosité passagère mais bien un intérêt réel pour les enfants de Candy et consort.
François Verstraete
Manga impact, Phaidon, 296 pages, novembre 2010, 39,95 euros
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