Cette intégrale des enquêtes de Lou Cale regroupe les cinq albums constituant la saga. Ceux-ci sont parus entre janvier 1987 et août 1992, d’abord aux Éditions du Miroir (Pour les deux premiers tomes), puis aux Humanoïdes Associés.
Lou Cale est reporter-photographe indépendant, à New York, dans le début des années 1940. D’origine irlandaise, il aime : « ...foutre des coups de pied dans les fourmilières trop bien organisées. » Sous des dehors bourrus, voire brutaux, affichant un caractère cynique, il a le goût de la justice et cache une sensibilité qui le porte à prendre la cause des plus faibles. Il cultive de nombreuses amitiés, dont celle de Juan Lopez Ruiz, lieutenant au commissariat central de Manhattan.

La poupée brisée. Au petit matin, à la pointe de Manhattan, une jeune femme se défenestre et son corps s’écrase sur une voiture. Lou Cale prend des clichés qu’il vend une belle somme. Mais cette morte l’interpelle. Pourquoi une jeune femme peut-elle être amenée à se suicider ? N’a-t-elle pas été poussée ? Juan Lopez lui fait part des premières conclusions de l’enquête.

Le cadavre scalpé. Une jeune femme est retrouvée scalpée. L’enquête s’oriente, compte-tenu de leur traditions, vers les indiens, une population nombreuse à New York pour la construction des immeubles de grande hauteur. Or ceux-ci sont divisés, entre les tenants d’une intégration complète qui résoudra les problèmes et ceux qui veulent garder leur identité, le respect des coutumes et des usages tribaux. Lou cale est sur la piste quand un second cadavre scalpé est découvert...

Les perles de Siam. Lou est aux prises avec la fille d’amis, une adolescente, quand la radio annonce un incendie sur les quais. Sur place, le photographe reconnaît une voix, celle de Jean de Saint-Gilneuve, qu’il a fréquenté à Paris, après la guerre. C’est son entrepôt, où il faisait de l’import de produits asiatiques, qui est détruit. Il concède avoir reçu des menaces d’une triade vietnamienne.

Étrange fruit. En Arkansas, un noir surpris avec Sally, une jeune fille blanche, est pendu sans autre forme de procès. Trois mois plus tard, Lou vient faire un reportage sur le Sud profond. Par l’entremise du sénateur local, il est hébergé dans la famille de Sally et commence son travail de reporter. Il découvre un monde qu’il ne soupçonnait pas et qui le stupéfie...

Le centaure tatoué. C’est la fête d’Halloween. Des gamins s’amusent à effrayer le gardien d’un entrepôt. En les poursuivant, il glisse, tombe à l’eau et découvre deux cadavres lestés, décapités, les bouts de doigts coupés. Lou Cale est son ami Juan, devenu Capitaine, ne disposent comme piste qu’un tatouage représentant un centaure.

La série est co-écrite, co-dessinée et colorisée par Warn’s (Eric Warnauts) et Raives (anagramme de Guy Servais). Chaque scénario développe une intrigue intelligente, aux ressorts inventifs et à la trame sophistiquée. Les auteurs, dans chaque album, évoquent un ou plusieurs faits de sociétés, présentent les situations à risque, que ce soient l’intégration des minorités, le racisme, la solitude des jeunes filles venues chercher une vie meilleure, les méfaits des structures du crime organisé. Mais à travers les enquêtes de Lou, ils mettent en avant l’hypocrisie qui baigne la société de type occidental.

Cependant, ils respectent les codes du roman noir avec un héros, qui plait à de nombreuses femmes, qui mène une vie trépidante avec force ingestion d’alcool et de café.

Le graphisme est réaliste et précis. Warn’s & Raives savent rendre tangible l’atmosphère de New York, proposant des vues impressionnantes de Manhattan, travaillant le dépouillement pour mieux exprimer une large palette de sentiments.

L'intégrale Lou Cale permet de redécouvrir une série policière conçue dans l’esprit du polar noir, avec des scénarii portant sur de vrais problèmes sociétaux, qui restent toujours d’actualité, et un graphisme dynamique. Un joli cadeau pour les fêtes.

Serge Perraud

Warn’s (scénario, dessin), Raives (dessin et couleur), Lou Cale - Intégrale, Les Humanoïdes Associés, octobre 2011, 240 p. - 38,00 €