"Highlands I : Le portrait d Amélia" voit Aymond jouer entre la peinture à la rébellion…

À Blackwater Castle, dans le nord-ouest de l’Écosse, en 1743, le duc de Plaxton et son fils reçoivent le garçon d’une famille proche. Il vient solliciter la place de peintre, laissée vacante par le départ, pour la cour du roi, du précédent. À la grande surprise de son fils, il répond que celle-ci est déjà prise. Le garçon est un peintre médiocre et il ne veut pas se faire un ennemi du clan. La situation est tendue depuis la mise en place de l’Acte d’Union. Les partis Whig et jacobite s’opposent.

Joseph Callander, le filleul du docteur Allan Murdoch, qui soigne le duc de Plaxton, revient d’Italie où il a passé quinze ans. Son parrain s’arrête chez le duc alors que Joseph reste dans le fiacre. Pendant ce temps, des pillards des Highlands enlèvent Miss Amélia, la fille du duc, la jettent dans la première voiture et s’enfuient. Elle se retrouve face à un inconnu. Celui-ci trompe les rebelles et la délivre. Le duc, apprenant la qualité de Joseph, lui offre la place de peintre.

Mais, Blackwater Castle, à l’image du pays, est le théâtre de la lutte entre différents partis, entre les tenants des Hanovre et ceux des Stuart, entre le respect de l’Acte et la rébellion. Joseph se retrouve au centre d’un complot que son passé italien, sur lequel il est très discret, rattrape.

 

Philippe Aymond a assis sa notoriété comme dessinateur avec, en particulier, des séries telles que ApocalypseMania et Lady S. Dans ce diptyque, il assure la totalité de l’ouvrage (sauf peut-être le lettrage) avec un scénario qui trouve ses racines dans une des nombreuses luttes, voire guerres, que se sont livrées les Anglais et les Écossais ; les premiers ayant une propension à l’hégémonie, les seconds jaloux de conserver leurs valeurs et de leur indépendance.

L’auteur place son récit dans un cadre qu’il connait bien et qu’il maîtrise pleinement, celui de la création artistique et, spécifiquement, celui de l’art pictural. Il prend, comme autre élément d’intrigue, l’histoire éternelle de l’amour qui réunit les êtres, de la jalousie qui les détruit, de la soif du pouvoir. Il ajoute cette volonté d’accumuler des richesses pour laquelle l’Homme est prêt à toutes les bassesses.

Dans ce contexte historico-pictural, Philippe Aymond construit une intrigue attractive, servie par un groupe de personnages bien campés, avec un héros qui génère une forte empathie.

 

Son dessin fait merveille pour restituer l’Écosse du XVIIIe siècle, ses paysages rudes, ses constructions austères. Il donne à sa galerie de protagonistes une expressivité presque sans défauts.

 

Avec cet album, un auteur complet se révèle. Un scénario riche, des bulles bien remplies de textes, des vignettes qui ravissent la vue font du Portrait d’Amélia, une excellente surprise dans le foisonnement de la rentrée littéraire.

 

Serge Perraud

 

Philippe Aymond  (scénario, dessin, couleurs), Highlands, T.1 : Le Portrait d Amélia, Dargaud, 24 août 2012, 48 pages, 13,99 €.

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