Lorna, un bel hommage aux grands thèmes de la Série B

Eva et son frère, un homme particulièrement impoli, voire odieux, sont en panne dans le désert. Ils voient arriver, à pied, un homme qui se présente comme Henri Luxe-Butol. En se désaltérant, il raconte le naufrage de son mariage à Eva, avant de se transformer en monstre et de les tuer.
Il est le fils du célèbre fondateur des laboratoires LB Pharma. Son père le considère comme un imbécile. Il fréquente Tamara Teets, une star du porno qui, pour l’heure, veut le « jeter ». Aussi, quand son collègue de laboratoire William Machin trouve la formule qui assure durablement le développement du pénis, il s’attribue la découverte. Le succès est immédiat pour « Priaps ». La demande dépasse l’offre malgré quelques incidents, des illettrés qui ne savent pas lire la notice ou qui veulent un résultat trop rapide.
Mais, William se rebiffe, reprochant à Henri de lui avoir volé sa découverte. Celui-ci le licencie. Ce dernier se venge en lui injectant une version de « Priaps » couplé avec de l’ADN de tarentule. Cette formule transforme Henri, momentanément, en arachnide.
Parallèlement, un extra-terrestre, a fabriqué un robot conforme à ce qui plait sur Terre, mais comme il n’avait pas l’échelle, sa femme nue fait quarante mètres de haut. La créature déambule, avale ceux qui lui plaisent. L’armée, qui a recruté William, entre en jeu…

Bruno Thielleux, qui se dissimule sous le pseudonyme de Brüno, est un scénariste et un dessinateur qui compte plus de vingt-cinq albums dans sa bibliographie depuis ses débuts en 1996.
Illustrateur exigeant, il synthétise son graphisme pour en rechercher la meilleure expressivité, n’hésite pas à se remettre en cause, à se livrer, à la manière d’Andreas,  à nombre d’expériences graphiques. Pour Lorna, le présent album, il a retenu un dessin minimaliste, épuré, conjugué avec de larges à-plats dans la meilleure veine d’un Alex Raymond.

Pour construire son scénario, il rassemble des grands thèmes de la littérature et du cinéma populaires, tels que la science-fiction, le fantastique, l’horreur… Il ajoute une dimension relative au sexe et au cinéma pornographique.

Il fait cohabiter, ainsi, expériences génétiques et la mutation de l’homme en monstre, un pingouin extraterrestre, un vaisseau en forme de femme géante aux capacités de destruction impressionnante, les recherches scientifiques axées sur les besoins primitifs de l’être humain. Il met en scène, traite avec humour, voire dérision, les principaux sentiments qui animent l’humanité souffrante, à savoir : l’amour, la haine, la jalousie, l’ambition, le goût du pouvoir… Il met en avant, également, pour son intrigue, l’importance du sexe, cette attirance pour l’acte charnel et la croyance qu’il faut être là, comme dans d’autres domaines, le meilleur. Il expose l’importance de l’industrie pornographique, allant jusqu’à imaginer que celle-ci figure, par le biais de Tamara, sur la couverture d’un grand magazine économique et financier.

Mais, sous la caricature apparente, perce une analyse fine, bien que succincte, du comportement et des tares sociétales.

Brüno développe son histoire avec un ton jubilatoire, avec une aisance graphique qui font de cet album une totale réussite.

Serge Perraud

Brüno, Lorna Heaven is here, préface de Jean-Pierre Dionnet, Treize Étrange, mai 2012, 150 p. – 17,25 €.
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