Les seigneurs de la route : l'ultime course à la mort

Le futur.

Les Provinces-Unies d'Amérique subissent une crise financière qui frappe sévèrement le pays. Face à une une invasion étrangère déguisée en plan d'aide économique international et à une population devenue ingérable, le Président Frankenstein, ancien champion de la Grande Course Transcontinentale décide de rouvrir cette compétition sanglante qu'il avait pourtant lui-même interdite afin de reprendre le contrôle de la situation et montrer au monde qui est le plus fort...


Avant de commencer la lecture de cette Ultime Course à la mort, je vous conseille de voir ou revoir le film Les Seigneurs de la route, parfois renommé en La Course à la mort de l'an 2000. Cette modeste (pour ne pas dire fauchée) série B de science-fiction préfigure à quelques mois près un autre grand film d'anticipation, Rollerball. Les deux films partagent la même vision du sport comme opium du peuple, le même cynisme politique, et la même envie de satire de la société. Du fait de son budget extrêmement réduit, production Roger Corman, le pape des films B, oblige, et certainement du gore assumé, La Course à la mort de l'an 2000 ne connaîtra pas la même reconnaissance de la critique. Death Race marque cependant les esprits, et a fini par devenir au fil du temps un film culte… La présence au casting de David Caradine et du jeune débutant Silvester Stallone n'y sont certainement pas étranger non plus.


Cette Ultime Course à la mort est donc une suite en comic book du film des années 70. Et les scénaristes Paul H. Birch et Mel Smith, et leur dessinateur Manuel Martinez se retrouvent face à un véritable défi : prolonger un film de série B culte, tout en captant son esprit irrévérencieux, et en proposant quelque chose de suffisamment neuf. Pas simple.


Une fois n'est pas coutume, commençons par les dessins. De prime abord, le dessin ne fait pas vraiment envie. Vous auriez tord de vous y arrêter : le choix de Manuel Martinez s'avère en fin de compte assez judicieux parce que bien dans le ton bis du film. Ici, pas de dessinateur au style léché et aux superbes planches bien propres sur elles. L'éditeur Wetta a en plus eu la bonne idée de travailler les fonds de page avec une trame genre papier jauni du plus bel effet, qui ajoute un réel plus. Non, on se rapproche plus de dessins qui font presque amateurs (j'ai bien dit presque) si ce n'est que c'est parfaitement voulu. Il faut que ça tâche, il faut que ça dérange la pupille, bref que ça ne laisse pas indifférent. C'est un gros risque, mais ici, il est plutôt bien tenu.


Le scénario est prétexte à montrer une nouvelle course intercontinentale et Frankenstein et son ennemi juré, Mitraillette Joe, sont très vite de retour sur les pistes. Des pistes rapidement ensanglantées puisque l'histoire reprend peu ou prou le film. Paul H. Birch et Mel Smith se refont leur course, avec un peu de gore pour pimenter l'histoire. C'est peut-être aussi la limite de ce projet : on ne cherche pas à proposer quelque chose de plus, ou à développer certaines idées plus loin, et la satire passe après les références au film.


Si le film vous a laissé de marbre, cet album ne vous fera pas changer d'avis, car il ne propose pas de thèmes ou d'idées nouvelles. Si vous avez aimé le film et son côté série B méchante, vous aimerez le comic book : faites fi des dessins s'ils ne vous plaisent pas, et plongez dedans, vous ne le regretterez pas.



Stéphane Le Troëdec




Paul H. Birch et Mel Smith (scénario) et Manuel Martinez (dessins)

Les seigneurs de la route : l'ultime course à la mort

Édité en France par Wetta

Collection Replay

72 pages couleurs, couverture souple effet gomme

14,77 euros

ISBN : 9782360740567

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