Retour des héros Valiant en librairie

The Valiant

 

Le Guerrier Éternel protège la Terre depuis des millénaires. Maître d’arme expérimenté et maître des arts martiaux, il protège les incarnations des Géomanciens, ceux qui « parlent » à la Terre. Mais le Guerrier Éternel a souvent échoué dans sa quête : chaque incarnation de Géomanciens a été assassinée. À chaque fois, le Guerrier Éternel a été vaincu par l’Ennemi Immortel, une force maléfique qui a juré la perte des civilisations. Aujourd’hui, l’Ennemi Immortel menace de revenir, mais le Guerrier Éternel compte bien ne pas réitérer les erreurs du passé. Et faire appel aux autres justiciers de l’univers Valiant…

 

En 1989, Jim Shooter créé une nouvelle maison d’édition, Valiant Comics, après avoir tenté de racheter Marvel Comics. Dans le catalogue, on trouve de vieilles licences de héros des années 60 et quelques créations personnelles de Shooter (des projets à l'origine développés à l’origine pour le cinéma). La période du lancement de Valiant semble bonne : au début des années 90, le succès d’un autre tout nouvel éditeur, Image Comics, amènent les lecteurs à s’intéresser à autre choses que les big two que sont Marvel et DC Comics. Hélas, les séries Valiant ne remportent pas le succès espérés par les investisseurs qui se débarrassent de Valiant et le revendent à l’éditeur de jeux vidéo Acclaim. Ce dernier tente bien un reboot des différentes séries, et réutilisent les licences dans plusieurs jeux vidéo. Le succès n’est pas au rendez-vous et Acclaim ferme ses portes en 2005.

 

C’est en 2011 que les choses sérieuses reprennent, avec l’arrivée d’anciens salariés de chez Marvel (dont Peter Cuneo, un ex-cadre d’avant l’arrivée de Disney aux commandes). Le nouveau Valiant parvient cette fois-ci à s’imposer rapidement, grâce à un ton différent des deux principaux éditeurs de super-héros. En France, les licences du « nouveau » Valiant sont dans un premier temps récupérées par Panini France en 2013. Pendant deux ans, l’éditeur va publier quelques albums, mais ne parvient pas à imposer la gamme sur le marché français (déjà très chargé en titres super-héroïques). En 2015, Panini France annonce qu’il jette l’éponge via un message laconique sur sa page Facebook.

 

On aurait pu croire que c’en était terminé des héros Valiant dans l’Hexagone. C’était sans compter Bliss Comics, jeune maison d’édition française, qui a repris les droits Valiant. The Valiant n’est donc pas un titre tout à fait ordinaire : c’est une seconde chance (pour les anciens qui ont suivi les albums Panini) ou l’amorce d’une toute nouvelle ligne (pour les nouveaux lecteurs).

 

The Valiant se présente sous la forme d’une saga complète, un event en quatre épisodes qui a l’avantage d’impliquer la majorité des héros Valiant. Trois personnages sortent particulièrement du lot : le Guerrier Éternel, la Géomancienne, ou bien encore (et surtout) Bloodshot (un soldat complet doté d’un pouvoir auto-guérisseur). Par contre, autant ces trois-là sont clairement mis en avant, autant le reste du casting joue au mieux les seconds rôles : Ninjak, X-O Manowar, Archer & Armstrong et cie ne font que des apparitions très rapides, et ce n’est pas The Valiant qui permettra aux nouveaux lecteurs de mieux les connaître.

 

Si The Valiant suit le schéma assez classique des events habituels (en gros, un ennemi surpuissant et millénaire menace de détruire notre univers), Jeff Lemire et Matt Kindt développent ici un ton un peu particulier, pas franchement sombre, mais pour le moins nuancé. Les héros sont loin d’être tous infaillibles : on nous explique dès les premières pages par exemple que le Guerrier Éternel n’avait jusqu’à présent jamais réussi à protéger les précédentes incarnations du Géomancien. Ça fait partie du plaisir de lecture : tout peut arriver, les personnages étant relativement « neufs ».

 

Le dessinateur Paolo Rivera s’est fait connaître notamment sur Daredevil lors de sa collaboration avec Mark Waid. Et pour la partie graphique de The Valiant, là aussi, ses dessins séduisent. En fait, ils ont juste ce qu’il faut de mainstream pour séduire les amateurs de super-héros, mais aussi une petite touche indé capable d’attirer un autre genre de lecteurs.

 

En choisissant The Valiant pour réintroduire Valiant Comics en France, Bliss Comics a fait un pari audacieux : ce n’est pas un numéro un, les origines des personnages principaux de la gamme ne sont pas racontées, et seul une partie du casting est mise en avant. Mais qu’importe. Le pari est réussi pour une autre raison : The Valiant, même s’il est loin d’être parfait, donne sacrément envie. Envie de découvrir un nouvel univers de super-héros qui sort des sentiers battus. Envie d’un monde tout neuf ou tout peut arriver. De quoi séduire les vieux routards du genre super-héroïque, comme ceux qui aimeraient s’y mettre (mais parfois rebutés par une continuité souvent lourde chez DC ou Marvel). Tant mieux, l’aventure Valiant se poursuit avec le tome 1 de Bloodshot (dans la droite ligne de The Valiant) et de Quantum et Woody.

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

 

Jeff Lemire et Matt Kindt (scénario), Paolo Rivera (dessin)

The Valiant

Édité en France par Bliss Comics (28 avril 2016)

128 pages couleurs, papier glacé, couverture cartonnée

10,00 euros (prix de lancement)

ISBN : 9782375780000

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