Veil, Femme fatale

Auteurs motivés


Au scénario de la minisérie Veil, on trouve tout d’abord Greg Rucka, co-scénariste avec Ed Brubaker de Gotham central, Rucka écrit aussi des romans policiers : on va dire que ça lui sert dans les comics. Quant au dessinateur, Tony Fejzula, on l’a jusqu’ici surtout retrouvé sur des séries indépendantes (Central zéro, Lobster Johnson). Les voir tous les deux aux commandes d’une minisérie de l’éditeur Dark Horse (le pape de l’édition indépendante outre Atlantique, qui a publié entre autres Hellboy) aiguise l’appétit.


Qui es-tu douce inconnue ?


Une femme se réveille nue dans le métro désert, entouré de rats, sans aucun souvenir. Elle émerge du métro, marche dans la rue et se fait aborder par un certain Vincent, émoustillé par sa nudité. Ce dernier la drague lourdement tandis qu’elle répète chacune de ses phrases. Vincent s’énerve mais surgit Dante : ce dernier emmène Veil chez lui, la rhabille. Mais Vincent revient avec des potes armés : Veil réagit en prenant le contrôle de Vincent qui descend ses amis avant de se suicider. Dante, qui a tout vu, se demande qui est vraiment Veil… Au même moment, un cadre d’une multinationale a une algarade avec un nommé Cormac : ce dernier était censé invoquer une créature capable, une fois enchaînée, d’arranger certaines de leurs affaires les plus douteuses. Cormac échappe aux pressions, trop désireux de retrouver…Veil.


Une minisérie réussie


Cher lecteur (ou lectrice), sache d'emblée que Veil, dans le genre « démoniaco-macabre », est une réussite. Rucka met en scène une histoire ambigu, avec des personnages « gris ». Pour autant, il est malin et présente Dante sous son bon jour du début jusqu'à la fin. Au cœur de la démarche de notre scénariste on discerner le désir d’évoquer ; à travers Veil, la puissance de séduction des belles femmes et les passions qu'elles déchaînent : il marche donc ici sur les traces du Brubaker de la série Fatale (un chef d’œuvre), sans toutefois l’égaler. Enfin, signalons les choix graphiques singuliers de Tony Fejzula: il décide de peindre Veil avec beaucoup de retenue, évitant de trop la sexualiser (tétons et parties génitales sont laissées dans l’ombre) et c’est assez payant. Les couleurs retenues sont assez vives et évoquent l’enfer, ce qui ne trouble pas le lecteur lorsqu’il avance dans le récit. Au final, voici un album réussi et la chute est très singulière. A découvrir.


Sylvain Bonnet


Greg Rucka & Tony Fejzula, Veil, traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Remaud-Dauniol, Delcourt Comics collection contrebande, Juin 2016, 144 pages, 15,95 €

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