Winter Road, rédemption


Dr Lemire & Mister Jeff


L’amateur de comics a retenu le nom de Jeff Lemire pour son passage remarqué au scénario de la série Animal man (où s’était autrefois illustré Grant Morrison, avis à un éventuel éditeur pour une traduction méritée) et également sur Green Arrow (sur dessins d’Andrea Sorrentino). L’homme s’est aussi fait un nom dans l’édition indépendante avec notamment Essex County, où il démontré son goût pour l’introspection et pour des récits enracinés dans un quotidien marqué par la présence des marginaux. Cette double casquette n’est pas rare chez les créateurs américains. Reste à savoir si Winter Road correspond à la réputation de Lemire.

 

Une deuxième chance pour Derek ?

 

Ancien joueur de hockey, métis d’origine indienne, Derek vit à Pimatamon, dans le nord de l’Ontario. Il a été obligé d’arrêter sa carrière suite à l’agression d’un autre joueur. Il travaille depuis dans le restaurant de sa mère le jour. La nuit, Derek sombre dans l’alcool et les bagarres, au grand désespoir de son copain Ray, policier, obligé parfois de lui faire passer la nuit en cellule. Vient le jour où sa sœur Beth débarque. Cette dernière est aussi dans la mouise : après avoir fui leur famille, elle a travaillé à Toronto où elle a rencontré un type. Après un début idyllique, il a commencé à la battre et Beth a fui à nouveau.

 

Accroc aux drogues, Beth manque de faire une overdose et a besoin de se mettre au vert, surtout qu’elle est enceinte. Après que Derek ait flanqué une bonne dérouillée aux dealers du coin qui avait fourni sa sœur, un copain de leur mère, Al, propose de prêter sa cabane en forêt pour aider Beth à décrocher. Derek et Beth acceptent mais ignorent que l’ex de cette dernière a remonté sa trace et arrive à Pimatamon.

 

Eloge de la différence

 

Winter Road s’impose par son récit, très prenant, et par un graphisme sec, dur, marqué par la rareté des couleurs. Le découpage, très rigoureux, souligne le poids des émotions des personnages. On est très loin ici du comics de super héros mais qu’importe ! L’histoire est prenante, universelle et mérite le détour. Amateur, tu aurais tort de te priver d’un tel album venant d’un auteur profondément humaniste.

 

Sylvain Bonnet

 

Jeff Lemire, Winter Road, traduit de l’anglais (Canada) par Sidonie Van den Dries, éditions Futuropolis, 280 pages, 28 €

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