Vintage passion : "Ça s’en va et ça revient…"

Ça se (re)trouve au fond d’une vieille malle enfouie dans un grenier, dans une caisse remisée au garage, sur le trottoir le jour du vide-grenier, dans les dépôts de l’Armée du Salut… et dans les boutiques les plus hype de la capitale. Ça s’achète pour quelques sous sur une brocante dominicale, s’enchérit sur des sites virtuels à coups de centaines d’euros quand ça ne se lègue pas de génération en génération. Ça prend la forme du Transformer de notre enfance ou du Rubick’s Cube de notre adolescence, d’une robe hippie aux coloris flashy ou d’un chic bibi noir, d’un polaroïd surexposé ou d’un portrait en pied couleur sépia, d’une table en Formica ou d’un fauteuil crapaud, bref de LA pièce qui nous manquait ou de l’objet qui rejoindra le monticule de ses semblables, tous aussi inutiles les uns que les autres. Ça charrie des odeurs de poussière et de légère humidité ; ça regorge de souvenirs – des nôtres comme de ceux d’autres – ; ça a le goût du temps passé enfin retrouvé. « Ça s’en va et ça revient, c’est fait de tout petits riens » : c’est vintage !

 

Le « vintage » fait fureur, sur toutes les lèvres et dans tous les intérieurs. L’ouvrage de Laurent Journo, journaliste et fondateur du « Salon vintage » de Paris, tombe donc à pic car il systématise cette vague rétro (/ old school / revival) en en proposant notamment cette définition : « Le vintage regroupe les créations qui appartiennent au plus tard aux années quatre-vingt. Vivre vintage aujourd’hui, c’est rechercher des valeurs refuges, des valeurs qui nous touchent, nous ramènent à une époque où tout paraissait plus doux, plus beau, plus humain. Une matière, une couleur, un son, une odeur qui rappellent une vie passée ou fantasmée. C’est une manière de soigner sa nostalgie, ou de nourrir le fantasme du “c’était mieux avant”. »

 

Le livre aborde, à travers sept grandes catégories, les différentes déclinaisons de l’expression vintage qui se mue alors en véritable art de vivre : « vivre vintage », « s’habiller vintage », « s’accessoiriser vintage », « se meubler vintage », « se cultiver vintage », « grandir vintage » et, cerise sur le gâteau, un intéressant petit « carnet d’adresses ». L’on plonge dès lors dans des atmosphères délicatement surannées où les dames se vêtaient en Lanvin, Dior ou Chanel ; où Audrey Hepburn avec son port de tête inimitable et James Dean avec ses jeans mythiques surplombaient le commun des mortels parés de leur statut d’« icône » ; où des jeunes sous des tableaux psychédéliques se balançaient en rythme sur de la musique yéyé diffusée par un tourne-disque en plastique ou parcouraient les rues en revendiquant fièrement une sobre esthétique géométrisante en noir et blanc. En outre, les divers témoignages (de créateurs, d’historiens et de spécialistes) nous éclairent de façon originale et donnent réellement corps à ce courant. Enfin, le « plus » indéniable de Vintage Passion est la très riche iconographie servie, entre autres, par les photographies de Sandrine Alouf et, surtout, par les nombreuses reproductions de pages (clichés assortis de commentaires) de L’Officiel, ce journal de mode connu pour être la référence incontournable depuis sa première sortie sous presse en 1921. Fashion victims ou nostalgiques de tous bords, ce livre est le vôtre !

 

Samia Hammami

 

Vintage passion, Laurent Journo (auteur) et Sandrine Alouf (photographe), Éditions de la Martinière, septembre 2012, 172 pages, 32€.

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