Christian Blanchard, Iboga : un livre dérangeant

Présentation éditeur : 
Pire que la peine de mort : la réclusion à perpétuité…
8 octobre 1980. Jefferson Petitbois, condamné à la peine de mort, est incarcéré à la maison d’arrêt de Fresnes. Pour rejoindre sa cellule dans le couloir de la mort, il croise la "Louisette".
Comme un outrage à la dignité humaine, un doigt d’honneur à la vie, la guillotine trône au milieu de la cour.
Accompagné de deux gardiens, il la frôle et sent son odeur de graisse et de limaille.
Dix-sept ans ! Suffisamment grand pour tuer donc assez vieux pour mourir…

Deux ans auparavant, Jefferson avait rencontré Max, son protecteur et mentor. Iboga était alors entré en lui. Iboga l’avait rendu plus puissant. Immortel. Meurtrier.
Une fois, Max m’a dit quelque chose que j’ai compris plus tard : Si tu commences à mentir, mec, tu seras obligé de le faire tout le temps et tu seras piégé un jour parce qu’il y aura des incohérences, des trucs qui n’iront pas ensemble. En revanche, si tu dis la vérité, tu ne seras jamais mis en défaut.
J’ai dit la vérité aux flics, avocats, juges et jurés. J’ai pris perpète et failli avoir la tête tranchée.

Ce livre raconte la vérité… La vérité selon Jefferson Petitbois… Un homme trop jeune pour mourir.
 
 Mon avis :
Cette histoire est extrêmement dérangeante. Nous savons que Jefferson a commis les pires crimes et pourtant, il nous arrive d'espérer que ses conditions d'incarcération s'améliorent. Ce sentiment met mal à l'aise.
C'est la vie d'un "gosse" abandonné, paumé, rejeté par tous, jusqu'à ce qu'il rencontre Max, qui va le prendre sous son aile et se comporter comme un père pour lui. Ou plutôt, comme la représentation que Jefferson se fait d'un père, car Max va lui donner goût à l'iboga, une drogue puissante, mais surtout, l'initier au crime.

Ce livre est une alternance de rythmes. Lorsque Jefferson décrit sa vie dans sa cellule, nous ressentons la lenteur du temps. Et au moment où nous avons l'impression que le livre devient trop lent, l'auteur opère une accélération dans le texte, en parlant de la vie du prisonnier avant son arrestation. Nous nous retrouvons à bout de souffle, et heureusement pour nos nerfs, le rythme ralentit à nouveau.
J'ai ressenti une sensation d'enfermement par moments, l'atmosphère devient oppressante comme si j'étais, moi aussi, confinée dans ces quelques mètres carrés, avec aucune activité. Jefferson n'a pas de famille, pas d'argent, aussi, il ne peut pas améliorer ses conditions de détention. J'ai, d'ailleurs, aimé le petit clin d'œil à La ligne verte, par le biais de Germaine...
Nous ne savons que tardivement quels sont les crimes qui ont condamné Jefferson à la peine capitale. C'est une grande part du suspense de ce livre. Mais lorsqu'ils nous sont enfin révélés, ils sont non seulement abominables, mais la description de l'effroi des victimes est incroyable. Nous ressentons leur peur, leur souffrance, leurs émotions avec tous nos sens, tant la description de leur état psychologique est précise. Le premier crime est effarant de véracité.

Il est impossible de parler de ce livre. L'atmosphère ne peut être rendue par une chronique, mais c'est vraiment un livre puissant. J'ai beaucoup aimé. Je n'ai pas eu de coup de cœur, mais il ne manquait pas grand-chose, mais je comprends tout à fait que de nombreux lecteurs en aient eu un. Je pense que j'ai eu du mal à accepter de ressentir un mélange de haine et de pitié envers un criminel. Bravo à l'auteur qui m'a complètement désarçonnée.


Valmyvoyou

Christian Blanchard, Iboga, Belfond, janvier 2018, 304 p. -, 19 €
 

 

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