Jacques Clauzel l’abstracteur terrestre

 

Qu’apporte l’art sinon une manière d’interroger là même où il n’existe pas de réponses à tout ? L’affirmation des formes chez Clauzel fait où que là l’image noircit tout revient à partir de cette disparition. La création interroge, affirme par le langage plastique et non par un simple style. Il déboute le déjà vu et précède l’indicible. Il est une affirmation par le refus de ce qui existe. A ce titre il devient prophétique loin d’un simple mouvement d’effervescence charmeuse, ou mystique et visionnaire.

L’œuvre rejette l’image commune, écarte des règles. Mais son étrangeté reste de ce monde. Si bien que l’abstraction n’appelle aucune transcendance sinon peut-être en négatif. Loin du réalisme vulgaire Clauzel crée une pure présence qui ne se veut en rien une présence pure de l'ordre des essences (sauf la térébenthine).

Pas le moindre romantisme dans une telle révélation. Mais l'inconnu. Il nous regarde, détaché de tout sujet pour une autorité de ce qui reste encore insituable. La modulation abstractive n’a donc ici rien de mystique. Le glissement vers un refus de la représentation n’a pas pour but une vision suprême mais son refus sans relâche pour reconstituer “du” réel par le langage plastique lui-même.

Jean-Paul Gavard-Perret

Jacques Clauzel, « La morale du poivron » Bernard Noël, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 28 pages.

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