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Charles d’Orléans : Biographie


Biographie de Charles d’Orléans (1394-1465)

 

Charles d’Orléans était petit-fils de Charles V et père de Louis XII. Jamais homme ne fut doué peut-être à un plus haut degré de l’instinct naturel du rythme. C’est à sa mère, Valentine de Milan, qu’il dut son goût pour les lettres ; cette princesse, pleine de grâce et d’esprit, avait reçu une éducation des plus distinguées.

 

Charles fut le digne fils de sa mère. Bercé dans le goût des lettres et des arts, il avait devant lui le plus bel avenir, lorsque le malheur fondit tout à coup sur sa famille. À seize ans, il vit son père assassiné par le duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Valentine, qui ne survécut pas un an à son époux, fit promettre en mourant, à ses enfants, de poursuivre le meurtrier de leur père. Le jeune Charles se ligua, dans ce but, avec les ducs de Berry et de Bourbon. Mais de nouveaux malheurs devaient lui faire oublier sa vengeance. Les Anglais envahirent la France et nous livrèrent la bataille d’Azincourt (1415). Charles y déploya inutilement la plus grande valeur. Blessé grièvement, il fut relevé parmi les morts, reconnu et amené prisonnier en Angleterre, où il demeura vingt-cinq ans.

 

Lorsque la tristesse s’emparait de lui, il s’efforçait de la chasser en faisant des vers, et c’est à cette longue captivité que nous devons la plus grande partie de ses poésies.

 

Pendant trois cents ans, ces poésies furent oubliées dans le fond d’une bibliothèque, et ce n’est que par hasard qu’un abbé, en feuilletant quelques livres poudreux, les découvrit à la fin du XVIIe siècle.

 

En lisant les œuvres de Charles d’Orléans, on est péniblement surpris que l’assassinat de son père, la mort de sa mère, enfin les malheurs de la France, n’aient pas arraché à ce poète un cri de passion profonde ; la bataille d’Azincourt où il fut blessé et fait prisonnier, la délivrance miraculeuse de la France par la noble jeune fille de Vaucouleurs, ne l’inspirèrent pas davantage. Il n’en faut pas accuser son cœur, mais son système poétique. La poésie était pour lui un passe-temps, un amusement d’imagination et non un cri de l’âme.

 

Malheureusement, l’abus de l’allégorie gâte ses plus belles inspirations ; on sent qu’il a lu Jean de Meung ; ici, comme dans le Roman de la Rose, nous retrouvons des personnages tout allégoriques : Bel-Accueil, Loyauté, Plaisance, Désir, Comfort, Bon-Conseil, Trahison, Désespoir, etc.

 

À son retour en France, après sa captivité, continua à cultiver les lettres ; il ouvrit, dans son château de Blois, un cercle académique qui devint le rendez-vous de tous les beaux esprits du voisinage. Dans cette arène poétique se livraient des tournois littéraires, où les rivaux luttaient d’habileté pour remporter le prix de la ballade et du rondeau. La lice était ouverte à tous ; il suffisait de se dire poète pour prendre part à la lutte. Un jour on vit entrer un certain écolier sans souci, sans vergogne, mal vêtu, mais dont l’œil vif et la lèvre railleuse annonçaient pour l’escrime des vers un habile jouteur. C’était Villon ; la petite cour avait trouvé son maître.

 

 

[D’après Daniel Bonnefon. Les écrivains célèbres de la France, ou Histoire de la littérature française depuis l'origine de la langue jusqu'au XIXe siècle (7e éd.), 1895, Paris, Librairie Fischbacher.]

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