Biographies d'écrivains de tous temps et de tous pays.

Lucienne Desnoues

Lucienne Desnoues Y

Petite‑nièce du maréchal‑charron du Grand Meaulnes, Lucienne Desnoues, née Dietsch, voit le jour à Saint‑Gratien, dans le Val‑d’Oise, en 1921. Elle est décédée en 2004 à Manosque, dans les Alpes‑de‑Haute‑Provence.

Son enfance se déroule à la campagne, parmi le peuple des paysans et des artisans que tout naturellement elle admire pour la richesse de leur vie et les mille qualités de leur consciencieux savoir-faire auxquelles, sans réserve, elle est déjà tout particulièrement sensible.
C’est au début de l’adolescence qu’elle se met d’enthousiasme à l’écriture de poèmes, en vers rimés comme tous ceux qu’elle a toujours aimé apprendre « par cœur » à l’école. Puis, en âge de gagner sa vie, elle occupe un poste de secrétaire chez un avocat parisien, ce qui ne l’enchante guère, par contre.
Mais soudain un grand bonheur lui sourit en l’heureuse rencontre – par poèmes interposés ! – de celui qui sera bientôt son très cher époux adoré : le poète Jean Mogin, fils de Norge, avec qui elle formera un couple idyllique, quelque peu unique en son genre.

Jean travaillant à la Radio‑télévision belge, ils établissent leur foyer à Bruxelles où leur naîtront deux filles, Isabelle et Sylvie. Ayant dès lors charge d’âmes, Lucienne ne cessera pas pour autant – au milieu des joies familiales mêlées aux soucis quotidiens, aux besognes domestiques – de vivre chacune de ses journées « debout en poésie », sans jamais cesser d’écrire, publiant l’essentiel à mesure.
C’est en 1950, au cours d’un repas, de grand cœur, que le poète et aquarelliste Lucien Jacques offre au couple, « par‑dessus la table, sur le plateau de sa main ouverte », une fruste maison où passer chaque été des vacances en famille : au soleil, dans le sud de la France, à l’entrée du minuscule village de Montjustin, entre Apt et Manosque, où il habite lui‑même à l’année.
Du même coup, une grande amitié assortie d’une abondante correspondance liera dès lors la famille Mogin‑Desnoues à celle du peintre Serge Fiorio alors installée depuis peu en tribu dans le vieux presbytère délabré sis tout au sommet de ce même village.
Jean prenant sa retraite au début des années quatre‑vingt, le couple décide de s’installer à Montjustin à demeure, faisant pour cela construire une maison plus confortable que l’humble Pégasière jadis offerte et baptisée ainsi par l’ami Lucien Jacques. Mais le malheur frappe à la porte et Jean décède en avril 1986.
Blessée au plus profond de l’âme par ce deuil cruel, Lucienne Desnoues cessera un temps d’écrire puis reprendra la plume pour un grand poème‑exorcisme, sous la forme d’un recueil, à la mémoire de son très cher époux : « Oui, il a fallu, par le décès de Jean, que mon moi vienne à être écrasé et réduit en poudre comme un grain de poivre par le moulin pour que mon âme vive de poète livre et exhale enfin tout son parfum. »

Finalement saluée par un public fervent, soutenue et encouragée, entre autres, par ses amis Gérard Oberlé, Jean‑Luc Pouliquen et Régis Dejasmin, Lucienne Desnoues continuera son œuvre ; tandis que s’ouvrent alors dix‑huit années de compagnonnage avec Serge Fiorio au cours desquelles en très proches voisins – l’un peignant, l’autre écrivant – ils veilleront désormais l’un sur l’autre affectueusement.
 

Bibliographie

Poésie

Jardin délivré, préface de Charles Vildrac, Paris, Raisons d’être, 1947
Les Racines, Paris, Raisons d’être, 1952
La Fraîche, Paris, Gallimard, 1959
Les Ors, préface de Marcel Thiry, Paris, Seghers, 1966
La Plume d’oie, Bruxelles, Jacques Antoine, 1971
Le Compotier, Paris, Éditions Ouvrières, 1982
Quatrains pour crier avec les hiboux, Cercy‑la‑Tour, Gérard Oberlé, 1984
Dans l’éclair d’une truite, Cercy‑la‑Tour, Gérard Oberlé, 1991
Fantaisies autour du trèfle, Les Cahiers de Garlaban, 1992
L’Herbier naïf, Cercy‑la‑Tour, Gérard Oberlé, 1994
Un Obscur paradis, Cercy‑la‑Tour, Gérard Oberlé, 1998
Anthologie personnelle (1947‑1997), Arles, Actes‑Sud, 1998
Les fables d’Étalon Naïf, Les Amis de La Fontaine, Le Fablier n° 29, 2018.


Prose

L’Œuf de plâtre, récit pour enfants, Paris, Desclée de Brouwer, 1964
Toute la pomme de terre, Paris, Mercure de France, 1978
L’Orgue sauvage et autres contes de noël, Bruxelles, Jacques Antoine, 1980


Discographie

Mes amis, mes amours, poèmes du recueil Les Ors, mis en musique et chantés par Hélène Martin, Disques du Cavalier, 1968
L’Orgue sauvage et autres contes de Noël, dits par Éveline Legrand, Disques Pavane, Bruxelles, 1981
La Cerise de Montmorency, poèmes mis en musique et chantés par Isaïe et Jeanine Dishenaus, Disques Pavane, Bruxelles, 1981
Les Potirons vernis, poèmes chantés par Aude Marchand, Compagnie Maâloum, 2011

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