Clément Marot (1495-1544), poète officiel de la cour de François Ier, précurseur de la Pléiade, mort en exil pour ses sympathies réformistes. Biographie de Clément Marot.

Clément Marot : Biographie

Biographie synthétique de Clément Marot (1495-1544).  Précurseur de la Pléiade, poète officiel François Ier et protégé par sa sœur, Marguerite de Navarre, il a dû partir en exil en raison de ses sympathies pour la Réforme et pour Luther.



La poésie française s’ouvre au XVIe siècle par le nom de Clément Marot. Cet aimable poète résume en lui toutes les qualités de notre vieille poésie, il en possède tous les charmes. On retrouve en lui la couleur de Villon, le naturel de Froissart, la délicatesse de Charles d’Orléans, le bon sens d’Alain Chartier et la verve mordante de Jean de Meung. Marot est le premier type de l’esprit français, il semble que la poésie du XIVe et du XVe siècle, sur le point de s’éclipser devant l’éclat nouveau de la Renaissance, ait ramassé toutes ses richesses pour en douer cet heureux héritier des trouvères (Demogeot).

 

Marot naquit à Cahors à la fin du XVe siècle. Son père était poète en titre de la femme de Louis XI, et devint valet de chambre de François Ier.

 

Il parait que le jeune Clément conçut de bonne heure du goût pour la poésie ; heureux de lui trouver ces dispositions précoces, son père le mena à Paris, dès l’âge de dix ans, pour le faire étudier ; mais le jeune élève fut assez mauvais écolier. Au sortir du collège, il entra comme page chez un seigneur de la cour, d’où il passa, en qualité de valet de chambre, chez Marguerite de Valois, sœur de François Ier, princesse aussi érudite qu’aimable et charmante.

 

C’était ce qui plaisait à Marot ; la société des gens de lettres dont il fut entouré, convenait à ses goûts et à son caractère.

 

Cette cour lui profita plus que toutes les leçons qu’il avait reçues au contact de gens bien élevés, son esprit devint élégant, fin, sans rudesse, et il apprit à aiguiser une épigramme sans tomber dans l’injure. Son talent facile, la politesse de ses manières et l’enjouement de sa conversation, le firent bientôt aimer et rechercher de tout le monde ; il devint le poète de la cour.

 

Il suivit le roi François Ier dans plusieurs expéditions, fut blessé au bras et fait prisonnier à ses côtés à la funeste bataille de Pavie ; mais ayant été bientôt relâché, il revint en France où l’attendaient de nouveaux malheurs. À peine de retour, il eut des démêlés avec les Sorbonistes, théologiens pleins de pédanterie, et leur lança quelques épigrammes acérées. Pour se venger, les Sorbonistes irrités le dénoncèrent comme ayant donné dans les nouvelles idées de la Réforme.

 

Arrêté par l’ordre des inquisiteurs, il écrivit à cette occasion, à un ami, une de ses épîtres les plus spirituelles. Il lui raconte la fable du Lion et du Rat, qu’il applique fort à propos à sa situation, priant son ami d’être le lion et de délivrer le rat prisonnier. Il adressa aussi une charmante épître au roi, et François Ier, touché de cette spirituelle prière, écrivit de sa propre main pour le faire mettre en liberté.

 

Les liaisons de Marot avec les Réformés ne tardèrent pas à lui attirer de nouvelles persécutions. Se voyant menacé une fois encore de la prison, et craignant que François Ier ne se lassât de le protéger, il prit la fuite et alla chercher un asile à la cour de Renée de France, sœur de la reine et duchesse de Ferrare. Mais bientôt ennuyé de l’exil, il sollicita son retour qu’il acheta au prix de l’abjuration.

 

De retour à Paris, il entreprit de se faire une réputation de bon chrétien, en traduisant les psaumes malheureusement, les Sorbonistes trouvèrent dans sa traduction des erreurs de doctrine. Marot, craignant de nouvelles persécutions, se réfugia à Turin, où il mourut à l’âge de quarante-neuf ans. Les psaumes, chantés d’abord par les catholiques et les protestants, furent finalement, grâce à Calvin, introduits dans le culte des Réformes. Ils furent plus tard complétés par Théodore de Gèze.

 

Marot a composé des élégies, des épitres, des ballades et des épigrammes. Le chef-d’œuvre de ses épîtres est celle où il raconte à François Ier comment il a été volé par son domestique. C’est un modèle de narration, de finesse et de bonne plaisanterie.

 

« J’avais, un jour, un valet de Gascogne,

Gourmand, ivrogne et assuré menteur,

Pipeur, larron, jureur, blasphémateur,

Sentant la hart de cent pas à la ronde,

Au demeurant, le meilleur fils du monde. »

 

Ce dernier vers, qui contraste si plaisamment avec les précédents, est devenu proverbe.

 

« Ce vénérable îlot fut averti

De quelque argent que m’aviez départi,

Et que ma bourse avait grosse apostume

Il se leva plus tôt que de coutume,

Et me va prendre en tapinois icelle,

Et vous la met très-bien sous son aisselle

Argent et tout (cela se doit entendre) ;

Et ne croi point que ce fut pour le rendre

Car ono depuis n’en ai ouï parler.

Bref, le vilain ne s’en voulut aller

Pour si petit : mais encore il me happe

Saye et bonnet, chausses, pourpoine et cappe.

De mes habits, en effet, il pilla

Tous les plus beaux, et puis s’en habilla

Si justement, qu’à le voir ainsi estre

Vous l’eussiez pris en plein jour pour son maistre.

Finalement de ma chambre il s’en va

Droit à l’estable, où deux chevaux trouva,

Laisse le pire et sur le meilleur monte,

Pique et s’enfuit. Pour abréger le conte

Soyez certain qu’au sortir dudit lieu

N’oublia rien fors de me dire adieu. »

 

Marot profite de cette mésaventure pour faire au roi une demande d’argent fort ingénieuse où il donne à la louange une tournure des plus délicates.

 

« Je ne dis pas si vous vouliez prester,

Que ne le prenne. Il n’est point de presteur

S’il veut prester, qui ne fasse un débiteur ;

Et savez-vous, Sire, comment je paie ?

Nul ne le sait, si premier ne l’essaie.

Vous me devrez, si je puis, du retour :

Et je vous veux faire encor un bon tour.

À cette fin qu’il n’y ait faute nulle,

Je vous ferai une belle cédule

À vous payer sans usure s’entend,

Quand on verra tout le monde content

Ou si vous voulez, à payer ce sera

Quand votre los et renom cessera. »

 

[Source : Daniel Bonnefon, Les Écrivains célèbres de la France, Librairie Fischbacher, 1895]

 

1 commentaire

Italie

Ka femme de Louis XI???? De LOUIS XII serait plus approprié. C'était d'ailleurs, pour avoir lu un de ses poèmes encomiastiques, un assez mauvais poète.