Brenda Maddox, "Rosalind Franklin, La Dark Lady de l’ADN" : rendre à César ce qui lui appartient

Apparemment peu commode, Franklin ne s’entendit guère avec les trois hommes et surtout Wilkins, qui la coiffa du surnom de Dark Lady ; elle finit par les quitter en leur laissant les prémisses de la fameuse structure en double hélice ; des notes retrouvées après sa mort indiquent qu’elle en avait eu l’intuition aussi bien que ses anciens collègues. Elle se distingua ailleurs, notamment par ses travaux sur le virus de la mosaïque du tabac. Elle avait 37 ans en 1958 quand un cancer l’emporta, quatre ans avant que le Nobel couronnât ses anciens collaborateurs. Le Nobel ne pouvant être décerné à une personne décédée, ni partagé avec elle, elle fut commodément oubliée. Mais quelques années plus tard, les éloges posthumes commencèrent à fleurir. Le présent ouvrage en est le plus beau bouquet.
Extrêmement détaillé, ce livre présente le mérite peu courant de bien refléter la rivalité acharnée et souvent crochue qui règne dans les milieux scientifiques, fût-ce au pays du cricket : les labos sont souvent des paniers de crabes. L’image n’est guère édifiante, mais il faut quand même savoir gré à l’auteur, biographe de métier, de l’avoir dévoilée sans hypocrisie.
Gerald Messadié
Brenda Maddox, Rosalind Franklin, La Dark Lady de l’ADN, traduit de l’anglais par Samia Souhami, Édition Des femmes, Antoinette Fouque, juin 2012, 282 p., 20 €
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