L'Espion de l'Empereur : l'histoire d'Ulm lors de la 3e coalition

L'or est le nerf de la guerre disent certains. Pour d'autres il s'agit du nombre de chevaux, de canons, d'hommes. Pour les derniers, il s'agit du savoir.

 

Et un homme, par le passé, a tenté de parfaitement démontrer cette dernière affirmation : Schulmeister, l'espion de l'empereur. En 1805, Napoléon marche sur Ulm contre les forces autrichiennes du Feld-maréchal Mack. La Grande Armée est dans un état magnifique : peu de perte en chemin suite à la maladie, la désertion ou autre. C'est une immense force qui déferle sur l'empire de l'archiduc Ferdinand. Et celui-ci se prépare à opposer une résistance acharnée, sûr de l'arrivée de l'armée d'Italie et des soldats russes de Koutouzov.

 

Seulement le plan des ennemis de l'ogre oubliait un détail : la désinformation offerte par l'homme de l'empereur. Mélangeant de vérité et de mensonge, il broya sous brouillard de mots – en demandant aux généraux français d'adopter une attitude en accord avec certaines de ses prédictions – l'état-major autrichien, le poussant à faire les plus mauvais choix au plus mauvais moment et enchaînant les erreurs grossières.

Cet homme est le héros de la bataille d'Ulm. Tout du moins pour la BD L'Espion de l'Empereur de Falba et Slavkovic. Napoléon, ce géant a qui l'Histoire attribue de si grandes choses n'est, pour cet affrontement, qu'une sorte de spectateur autorisant les actions de son espion. Il n'est pas le grand décisionnaire des mouvements de son armée... Réalité ? Fiction ? Nous savions Falba amateur – si ce n'est plus – de l'époque napoléonienne, ayant dans sa famille quelques illustres ancêtres. Et de là, il n'y a qu'un pas pour lui donner un crédit. Nous préférerons cependant inviter les historiens à confirmer son propos.

 

Quoiqu'il en soit, c'est une découverte agréable de la campagne militaire d'Ulm que nous offre cette BD, avec quelques petites modifications historiques à n'en pas douter. Mais nous, grand public habitués à Austerlitz, voir plus en détail d'autres « aventures » de Napoléon est fort instructif. Cependant, si l'histoire d'espionnage apparaît limpide et très agréable à lire, la partie militaire pèche un peu par la complexité du déploiement et des déplacements dans cette région parfaitement inconnu au commun des mortels français. Un carte aurait été la bienvenue ? Une vue de haut à l'instar de ce que verrai d'un dieu de l'Olympe ? Semblable à celle du village d'Asterix dans la Zizanie ?

Graphiquement, la « presque-ligne-claire » de Slavkovic, un peu figée mais parfaitement assumée, permets d'avoir de magnifique scènes de combats entre les armées françaises et autrichiennes. La construction, quant à elle, est plus moderne et ainsi sauve les dialogues en leur évitant d'être mortellement statiques. La combinaison des deux offrent un ouvrage au rythme détonnant, semblable à l'idée que nous pouvons nous faire de l'époque : des discussions hautes en couleurs pour une guerre de mouvement où les usages doivent être respectés à la lettre.

 

Au final, L'Espion de l'Empereur est de ces BD qu'affectionneront tous les amateurs d'Histoire appréciant d'aller fouiller ici et là des informations pour corroborer ou non le récit à peine l'ouvrage refermé. Le lectorat totalement néophyte risquera malheureusement – à nos yeux – de se perdre rapidement dans la complexité historique de l'époque.

Après, pouvait-on faire mieux sur un tel sujet ? Nous n'en sommes pas convaincus !

 

Pierre Chaffard-Luçon

 

Bruno Falba & Sibin Slavkovic, L’Espion de l’Empereur, Joker, octobre 2012, 48 p. – 14,50 €

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