Elle avait un petit frère et une petite sœur, des parents aimants et des rêves d’architecture. Mais jamais elle n’aura 14 ans. Poussée à bout par des pseudo copains qui l’injuriaient et la violentaient au quotidien au collège, Marion Fraisse s’est pendue dans sa chambre un triste jour de février. Ses parents, ignorant la situation, ne comprennent pas. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Un chagrin d’amour comme il est fréquent à cet âge ? Une liaison avec un homme plus âgé ?

 

Hagards et détruits, le père et la mère cherchent des réponses, car dans le cas d’un suicide, les questions pleuvent et la culpabilité se fait omniprésente. Puis c’est la découverte des textos, des carnets de correspondance en double qui permettent de cacher les notes qui dégringolent, le compte Facebook secret et dessus les injures, les avanies d’une petite bande d’imbéciles. Tout d’un coup, le geste fou de Marion prend tout son sens.  

 

Marion, 13 ans pour toujours est un témoignage incandescent porté par la rage d’adultes confrontés au pire : la mort d’un enfant par pure méchanceté. Nora, la maman de Marion, a entrepris un travail de détective pendant des semaines, des mois « Des mois pour faire le tour de ce que je ne savais pas de ta vie, de ce qui a pu t’inciter à en rompre le fil. » Et son constat est accablant, tout le monde savait, mais personne n’a bougé. Ni les professeurs ni le proviseur, et encore moins les amis de la jeune fille. Déjà aux obsèques, personne du collège n’était présent, puis ce fut le vide, le silence, les menaces : personne n’avait envie de savoir ce qui s’était passé.

 

Avec l’énergie du désespoir, la mère de Marion remonte les pistes, pose des questions, fouille, écrit, demande et exige des explications. Un cas très clair de harcèlement scolaire se fait jour, par Facebook, par texto, par des violences et des injures au quotidien. 

 

Le collège peut donc être le lieu de tous les dangers, car il n’y a aucun contrôle. Selon une étude récente, ce fléau peut toucher jusqu’à 40 % des élèves français dans le cas du cyberharcèlement et 10 % à l’école, soit près d’un million d’enfants ! Depuis l’été 2014 une loi existe qui crée l’infraction du harcèlement et le punit de prison. Un pas en avant même si pour Marion il est trop tard.

 

Co-écrit avec Jacqueline Rémy sans pathos ni voyeurisme, ce texte fort et juste a le mérite de faire la lumière sur un phénomène de société qui est aussi un problème de santé publique encore trop mal connu et de donner, malgré tout, quelques lueurs d’espoir.  

 

Ariane Bois

 

Nora Fraisse, Marion, 13 ans pour toujours, Calmann-Lévy, 21 janvier 2015, 187 pages, 16,50 €